Bretagne : le temps du rebond

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Ouest-France a publié ce jour une tribune libre écrite ce week end.

 » De la période troublée que traverse notre région, je veux retenir quatre observations qui peuvent se décliner en autant d’engagements.

1 – La Bretagne a mieux à faire qu’à se fourvoyer dans des querelles qui n’intéressent que leurs auteurs. Les colères stériles, les postures de matamore, les divisions intestines, les arrière-pensées partisanes sont des luxes que nous ne pouvons plus nous offrir. Le temps doit être aux bâtisseurs, pas aux tartuffes à la courte vue dont l’opportunisme tient lieu d’étendard.

2 – La Bretagne doit prendre garde à l’image qu’elle renvoie à nos concitoyens. Toutes les régions connaissent des chocs sociaux et toutes ont leurs singularités. La violence est par essence condamnable, toujours injustifiable, et l’excès ne fédère jamais. Et si la colère, notamment sociale, peut être compréhensible, les destructions de biens provoquent le rejet. Une surenchère dans les revendications restera non seulement incomprise de nos compatriotes, mais isolera à coup sûr notre territoire au moment où il a besoin de la solidarité nationale.

3 – La Bretagne doit construire sa propre cohérence. Le Pacte d’avenir proposé par Jean-Marc Ayrault ne prospérera que s’il repose sur un fondement plus ferme que l’addition de simples projets locaux. Il est à cet égard rassurant de constater la très forte mobilisation qui semble se dessiner autour des trois piliers sur lesquels il va reposer : mesures d’urgence pour accompagner les salariés licenciés et les entreprises fragilisées, investissement dans le secteur agroalimentaire, accélération de l’élaboration du contrat de plan 2014-2020. A nous d’y intégrer les enjeux dont dépend notre rebond : développement économique, innovation, internationalisation, rayonnement maritime, enseignement supérieur et recherche, accessibilité et aménagement du territoire, identité culturelle… Au-delà, une attention toute particulière devra bien sûr être portée au maillage des services publics dans notre région qui, ayant beaucoup pâti de la mise en œuvre de la RGPP, méritent désormais d’être préservés.

4 – La Bretagne ne peut tout attendre de l’Etat. Notre avenir ne saurait se forger ailleurs que dans la région, alors qu’à l’heure actuelle trop de potentialités restent tributaires du bon vouloir d’un pouvoir qui demeure excessivement centralisé. C’est pourquoi il convient d’agir pour obtenir les facultés d’adapter au niveau régional les lois nationales et d’expérimenter par un « droit à la différence » de nouvelles formes d’organisation territoriale. Disons-le clairement, il s’agit bien de transférer le pouvoir normatif aux régions dans les domaines décisifs pour le développement économique. L’exemple des collectivités d’outre-mer, qui bénéficient déjà de ce levier d’adaptation des règles au travers d’habilitations législatives, montre la voie. Bien sûr, cette aspiration n’est pas de nature, à elle seule, à apporter une réponse concrète aux salariés broyés par les mesures de licenciement. Mais les collectivités ont démontré, pour peu qu’on leur en attribue les compétences et les moyens, qu’elles savent agir avec efficacité pour libérer les énergies créatrices et assurer les cohésions sociale et territoriale. Alors que se profile l’examen du volet « régions » de l’acte III de la décentralisation, voilà une bataille institutionnelle qui mérite d’être conduite.

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2 réponses à Bretagne : le temps du rebond

  1. TAL dit :

    Invitée hier du Supplément politique de Canal +, Ségolène Royal n’a pas cherché à voler au secours de l’exécutif. Jugeant «totalement absurdes» les modalités d’application de l’écotaxe – dispositif créé par le précédent gouvernement et récemment suspendu par l’actuel -, elle a dénoncé son inadéquation avec la réalité bretonne : «On a voulu appliquer un système allemand, où les gros camions sont taxés, parce qu’ils viennent d’Europe de l’Est, traversent l’Allemagne… Mais la Bretagne, qui est au bout de l’Europe, n’est pas traversée par les camions.» Quant à la fronde des Bonnets rouges, alors que certains, comme Jean-Luc Mélenchon, y voient une jacquerie régionaliste cornaquée par le patronat et la droite, Royal considère que ce mouvement relève d’abord de la «révolte citoyenne», ce qui le rendrait «plutôt réconfortant», même s’il recèle «beaucoup de souffrances». Pour l’ex-candidate à l’Elysée, il s’agit de l’expression d’«une demande de compréhension de l’état du pays et de la façon dont on s’en sort». Et Royal d’enfoncer le clou : «Moi, je préfère des peuples en mouvement à des peuples apathiques et qui se disent : on n’a plus rien à faire ni même à revendiquer.»

    http://www.liberation.fr/economie/2013/11/10/les-bonnets-rouges-sortent-de-bretagne_946075

  2. Gribouille dit :

    Très bien. Je propose donc qu’on envoie la facture de la casse à Madame Royal. Je ne vois pas pourquoi le contribuable la paierait, en plus du reste qui sert à arroser de subventions tant françaises qu’européennes, des casseurs que personne n’ose toucher !
    Ras le bol !!!!!!

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