Deux ou trois choses que je sais du groupe Doux

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Evidemment, vendredi j’ai participé à la manifestation de soutien aux salariés du groupe Doux et je serai mercredi, au moment de la publication de la décision du tribunal, à leurs côtés.

J’ignore les moyens techniques dont il dispose mais je veux croire que le tribunal de commerce de Quimper s’est doté de tous les atouts pour se prononcer sur les différents documents qui lui ont été remis cette semaine car je devine la complexité des montages notamment financiers…

En l’état, à mes yeux, il n’y a pas – pour les sites de Quimper et pour l’ensemble de l’entreprise – de « bonne » offre. C’est d’ailleurs ce que le procureur a résumé à l’audience : des milliers de salariés expérimentés et compétents, des sites industriels en capacité de produire (même s’ils sont parfois obsolescents), un réseau dense d’éleveurs et de transporteurs… Et au final, des centaines de licenciements annoncés !

C’est pourquoi je ne conseille pas à l’Etat aux différentes collectivités (conseil général et régional pour l’essentiel) de suivre sans mot dire. Il ne peut y avoir d’effort public sans effort des repreneurs. L’argent des contribuables ne sera apporté que lorsque le projet retenu par le tribunal sera expertisé. Il doit se révéler solide, offrant de réelles garanties pour les emplois sauvegardés et développant une perspective durable de modernisation de l’outil de production.

Je ne comprends pas dès lors que Marc Le Fur, député UMP des Côtes d’Armor, Bernadette Malgorn, chef de file de l’UMP au conseil régional et Gaëlle Nicolas, maire UMP de Châteaulin se soient faits les ardents zélotes du dossier de continuation déposé par Charles Doux. L’intérêt des salariés ne passe pas par l’engagement partisan de leurs élus.

Je ne suis pas un fin analyse financier mais je ne saisis pas en quoi la perspective que la Barclays devienne l’actionnaire majoritaire de l’entreprise serait un atout. N’est ce pas la même banque qui était accusée le 1er juin au moment de la déclaration de cessation de paiement de tous les maux ? N’était-elle pas une banque sans tête (puisque le président de son conseil d’administration, le directeur général et le numéro 3 de l’entreprise viennent de démissionner), au cœur d’un scandale financier qui secoue la Grande Bretagne (l’autorité de régulation vient de démontrer que la Barclays avait manipulé des taux interbancaires) ? Du coup, son comportement ressemble plus à celui d’un prédateur financier (qui est créancier de Doux à hauteur de 142 millions d’euros) qu’à celui d’un investisseur averti des besoins de la filière avicole.

Mes seules informations sont celles publiées dans la presse régionale mais il me semble que nous ne connaissons toujours pas l’ampleur de la dette contractée au Brésil par le groupe. Or ce paramètre est absent des échanges alors que son montant n’est peut-être pas aussi anodin que l’affirme l’avocat de Charles Doux lequel s’est fait connaître pour avoir monté la plupart des opérations industrielles conduites par Bernard Tapie.

Au final, seul doit primer l’intérêt des salariés et des éleveurs, pas celui des actionnaires. J’espère donc que la décision du tribunal ne sera pas mi-chèvre mi-chou. Rien ne serait pire que de vouloir mixer les différentes propositions en organisant un tri entre elles. Brisant la cohérence de chacune des offres, cela n’aurait comme seule conséquence que de repousser de quelques mois les efforts nécessaires pour redresser les sites et réorienter un secteur qui importe aujourd’hui 40 % de ses besoins !

Pour l’avenir des emplois et de l’activité économique de la Bretagne, malgré les insuffisances (notamment le financement des plans sociaux), il faut savoir tourner une page.

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Une réponse à Deux ou trois choses que je sais du groupe Doux

  1. Perrault - Le pape Nicole dit :

    merci. nous avons ainsi toutes les données qui montrent comment poser le pb. et que se lancer dans n’importe quel optimisme sur « il y a repreneur » n’est pas responsable, n’est pas attentif à l’avenir de la filière, n’est pas attentif aux salariés concernés! Car quelle désolation pour eux des entreprises avec leur attente dans des boîtes où rien ne peut être réparé ou remplacé puisque « pas de fournisseurs pouvant accepter de le faire ». Quelle ambiance devant cette destruction de leur outil de travail devant leurs yeux! la différence d’attitude et de ligne politique est nette. entre « vous » et « eux » ces élus qui criet vite que la solution du banquier est bonne! à diffuser. cordialement. nplp.

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