Provocations ou désarroi ?

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Evidemment ce n’est pas un hasard. Vendredi Nicolas Sarkozy à Grenoble, samedi Brice Hortefeux sur TF1 et ce soir Eric Ciotti, député UMP dans le Journal du Dimanche.

Trois discours pour un seul message :  l’outrance et la surrenchère dans la répression. Cette stratégie vise à fuir le débat sur leur bilan en matière de sécurité. Ils le savent mauvais et veulent détourner l’attention. Alors ils provoquent. Nous ne sommes pas obligés de tomber dans le panneau.

Au contraire, inlassablement, nous devons dénoncer la dégradation de la situation comme viennent de l’illustrer les événements de St Aignan et de Grenoble. C’est ce que j’ai voulu faire dans une tribune publiée par le journal Le Monde daté du 31 juillet ou sur RTL. La droite est dans une impasse. Elle ne sait plus faire face à un présent qui lui échappe. Alors elle multiplie les coups de mentons aussi inefficaces qu’anxiogènes.

On ne peut pas bâtir l’avenir en ne maniant que la répression, la punition ou le châtiment. Ne croire qu’à la force, c’est avoir une vision myope du monde et contribuer à fabriquer une société de haine qui ne fait que  préparer les drames de demain.

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6 réponses à Provocations ou désarroi ?

  1. seb dit :

    Le lien que vous mettez me met sur une page où il est marqué « introuvable ».

    Je n’ai donc pas pu la lire, mais je pense qu’elle reprend les différents points mis ici.
    http://tempsreel.nouvelobs.com/actualite/politique/20100730.FAP6251/discours-de-sarkozy-le-depute-ps-jean-jacques-urvoas-denonce-une-fuite-en-avant.html

    Force est de constater, malheureusement, que si l’échec sécuritaire de M. SARKOZY est patent, le PS (la gauche) via votre personne (et j’en suis d’autant plus attristé que vous êtes un bon député) n’a que les mêmes réponses, vieilles réponses, qui ont montré leur échec…Car le tout répressif comme le « tout le monde il est gentil » ne fonctionne pas.

    Pour marcher, il faut – c’est logique non ? – deux jambes. De la même manière, s’il n’est jamais bon d’avoir eu une enfance trop sévère – on voit les séquelles après – le tout permitif ne fonctionne pas non plus. Ma soeur, qui est enseignante, le voit tout le temps : les parents qui donnent des baffes à leurs gosses, comme ceux qui les gâtent en permanence, ne feront de leur progéniture que des enfants mal éduqués. Les seuls qui « réussiront’ sont les parents qui auront su jouer l’équilibre : de l’autorité mais pas trop, de la tendresse mais pas trop.

    Et bien, en matière de politique publique, ce doit être la même chose. Rétablir les services publics, oui. Faire de la prévention, oui. Rebâtir une politique de la ville ? Pourquoi pas.

    Mais est ce que cela va, selon vous, mettre fin aux traffics ? Aux scènes de violence ? Evidemment que non. Car il manquera son corollaire à la douce République : la République qui sait se faire respecter (y compris si cela exige une violence légitime)

    Je dirai, pour schématiser, que les mesures que vous proposez, vont permettre d’éviter que le « terreau » soit trop important pour que ces horreurs se produisent. Mais elles n’éviteront pas ces horreurs. Car, soyons clairs, c’est la légitimité de l’Etat qui est mise en cause.

    L’Etat a des devoirs « régaliens ». S’il ne peut ou pire ne veut les assumer, qu’on ne s’étonne pas si les citoyens se tournent vers d’autres protecteurs.

    Je sais que cela peut faire répétitif, mais l’Histoire est un livre dans lequel les politiques devraient se mirer pour en tirer quelques leçons.

    Imaginez un peu le ridicule de la situation, si Charles V, roi de France, était venu à Blois (particulièrement touché par les Compagnies) expliquer à la population que çà y est, il allait agir…En faisant redécorer leurs maisons ! Pensez vous que les habitants de Blois auraient loué leur Souverain ? Bien entendu que non…

    Et bien les Grenoblois, en entendant vos propositions – comme du reste les Français en majorité – vont adhérer, sur le principe, à ce que vous proposez, car ils savent qu’il a effectivement de la prévention à faire, et nécessité à restaurer les services publics…Mais si c’est tout, comment voulez vous être crédible ?

    Charles V a parfaitement compris – peut être parce qu’il a vécu de très près un soulèvement « populaire » et évité de justesse une Révolution présidée par Etienne Marcel – qu’il ne serait suivi des Français – et ne sauverait la monarchie – que s’il était en capacité de prouver à ses sujets que le meilleur défenseur, le protecteur de la population, c’était l’Etat.

    C’est pourquoi il a – avec beaucoup de difficulté – fait voter un impôt permanent (le premier), destiné à donner à la France une armée permanente, qui remplaçerait efficacement l’armée royale, utile (et encore) essentiellement pour la défense extérieur, non pour des luttes internes. (Charles avait dix huit ans)

    Et effectivement, quand les Grandes Compagnies ont commencé à reculer, quand elles ont même quitté le Royaume pour d’autres cieux, les Français ont alors compris l’importance de cette armée…Qui ne sera remise en cause que sous Charles VI, par ses infectes oncles. Avant d’être restauré, sans problème, par Charles VII, les Français ayant compris (pour la première fois) l’intérêt de l’impôt.

    Et bien là, c’est la même chose. On ne demande, évidemment, pas au PS d’agir comme Du Guesclin, qui avait tendance à « évacuer » le problème, en tuant ses adversaires, plutôt qu’en les emprisonnant. Seulement de cesser l’angélisme, en ayant en tête le fait qu’un Etat, même Providence, doit toujours assumer ses fonctions d’Etat justicier, ce qui requiert de lui, même s’il doit faire son possible pour éviter trop d’éffusion de sang, d’user de la force légitime que lui accorde son Souverain. Sinon, l’Etat n’est plus chez lui. Et ces sont les mafias – avec son consentement – qui gouvernent.

    Que le PS s’inspire de ce roi – qu’on disait Sage – en débattant certes de l’aspect Etat Providence…Mais sans oublier celui d’Etat justicier et donc…Policier. (Il doit être possible de proposer des choses sur ce terrain, sans pour autant reprendre les thèses de la Terreur, ou les procédés violant du Ministre de l’Intérieur de Napoléon)

    Sinon, je suis assez d’accord avec vous sur le fait que le Gouvernement essaye de cacher son « bilan » en procédant à de nouvelles « lois » qui ne vont que discréditer un peu plus la République. Et c’est en cela – par le fait de la discréditer – et non par ses propos (sans conséquence : car M. SARKOZY, en dépit de tous les défauts qu’on lui prête, n’est pas un dictateur en herbe ; il dit beaucoup, agit fort peu…Et même s’il voulait, le droit le récuserait grâce à la DDHC : tant qu’il ne l’abroge pas, la France peut se reposer) que le Président met en danger la République. (Comme Louis XVI, en ne faisant rien contre l’inconduite de son épouse, et pire, en se faisant le porte parole des privilègiés, contre son Peuple)

    Reste que, pour moi, c’est surtout une opération « diversion ». M. SARKOZY est, à mon sens, beaucoup plus inquiet de ce que l’affaire WOERTH pourrait porter. Alors oui, réagissez sur l’insécurité…Mais n’oubliez pas les BETANCOURT.

  2. seb dit :

    Je m’aperçois que j’ai oublié un mot. Je voulais évidemment dire « violant la DDHC ».

  3. LL dit :

    Toujours du Hugo en plein 21ème siècle, on a les références qu’on peut. « Ouvrez une école et vous fermerez une prison », c’est oublier qu’aujourd’hui les intéressés brûlent eux mêmes les écoles. L’idéologie, le catéchisme plutôt, a mené à la gauche à de nombreux écueils. Et la population reproche à Sarközy non pas ses mesures mais la non application de ces mesures.

    Il est curieux par ailleurs de déplorer que le bilan ne soit pas là et de proposer… moins de mesures sécuritaires alors que c’est précisément l’inefficacité numérique qui choque les classes populaires.

    Xavier Raufer a démonté cette lubie de gauche qu’est le mythe de la pauvreté poussant au crime. Une logique fort curieuse d’ailleurs qui expliquerait que les pauvres soient ontologiquement plus volontiers criminels… Raufer donc explique qu’à Washington la criminalité depuis la crise a… implosé ! Le nombre de meurtres est en chute libre. Ce n’est pas en effet la pauvreté qui explique le crime, mais la prospérité ambiante que les gens peu amateurs de labeur prennent pour de belles occasions, « L’occasion fait le larron ».

    Mais je suppose qu’il faudra encore 5 ans de social-utopisme pour définitivement reléguer le PSF au rang des partis politiques appartenant à l’histoire.

  4. seb dit :

    Quand je vous dis qu’il ne faut pas lâcher l’affaire WOERTH.

    http://www.aporismes.com/2010/08/04/affaire-woerth-un-bien-petit-monde/
    http://tempsreel.nouvelobs.com/actualite/politique/20100730.OBS7863/info-obs-affaire-woerth-un-bien-petit-monde.html
    http://blogs.lexpress.fr/les-couloirs-de-bercy/2010/07/depuis-plus-dun-mois-maintenan.php
    http://www.aporismes.com/2010/08/04/le-coup-de-pouce-d%e2%80%99eric-woerth-a-la-famille-cesar/

    UMP : experts en conflit d’intérêt ?

    -Patrice de Maistre, le gestionnaire de fortune de Liliane Bettencourt, a confirmé certains de ses propos. A Eric Woerth qui contestait avoir demandé futur médaillé de la Légion d’Honneur de recevoir son épouse pour faire le point sur sa carrière, alors qu’il était lui-même ministre du Budget, Patrice de Maistre a répondu, par policiers interposés, que le ministre mentait : il a «confirmé ce qu’il avait dit lors de sa première garde à vue, à savoir qu’Eric Woerth lui avait bien demandé de la recevoir, mais pour discuter de son parcours professionnel, pas pour l’embaucher.»

    Pourquoi M. WOERTH a t il demandé une telle chose à Patrick de Maistre ? Rien que le « service rendu » pour favoriser – auprès de M. De Maistre lui même ou/et ses amis – est en soit un conflit d’intérêt.

    Et surtout, pourquoi son épouse, elle même, n’a t elle pas pris contact avec Patrick de Maistre, pour discuter de son parcours professionnel ? Les femmes, de nos jours, n’attendent plus l’autorisation de leur mari, pour travailler, que je sache !

    Bref, enfumage qui ne cache guère la réalité du motif de la rencontre.

    D’ailleurs, pour l’embauche, on se référera aux écoutes clandestines de ses conversations avec Liliane Bettencourt, authentifiées par la police.

    -Patrice de Maistre a ensuite récusé la validité des carnets de caisse de l’ancienne comptable de son employeur: «Les cahiers de caisse de Claire Thibout démontrent que ce qu’elle dit est faux.»
    a déclaré son avocat.

    Vraiment ? C’est sans doute pour çà qu’après neuf auditions (!) ladite ex comptable ne s’est, en aucun cas, rétractée ! Au point que les policiers de la brigade financière reconnaissent, eux mêmes, sa détermination ! Quel intérêt, cette femme, aurait elle à mentir ? On voit bien, en revanche, les intérêts qui expliquent que M. WOERTH continuent à mentir sur toute la ligne !

    -Autre information, sur l’IGF cette fois. François Baroin, actuel ministre du budget, avait confié à Jean Basseres, directeur de l’Inspection Générale des Finances, et non à l’IGF elle-même, le soin d’évaluer si Eric Woerth avait été informé de la situation fiscale de Liliane Bettencourt [qui employait son épouse], et s’il était intervenu pour empêcher un éventuel contrôle fiscal, notamment vu les informations d’évasion fiscale de François-Marie Banier révélées par le parquet début 2009.

    En fait, Jean Bassères avait été nommé à son poste de l’IGF par … Eric Woerth lui-même ! La belle affaire ! Le Nouvel Obs rappelle ainsi que «le décret de nomination du 24 janvier 2008 annonçant le nouveau chef de service est bel et bien contresigné par Eric Woerth, alors ministre du Budget.» En matière d’enquête impartiale… on a vu mieux.

    -Mais ce n’est pas tout. L’actuel directeur de cabinet d’Eric Woerth, Sébastien Proto, est un ami proche d’Antoine Arnault, dont le beau-père est … Patrice de Maistre.

    Rappelez vous les toutes premières déclarations du ministre : il connaissait à peine Patrice de Maistre. Depuis, on a appris qu’il prenait des cafés avec lui, qu’il a dîné avec, qu’il lui a même remis la Légion d’Honneur, et, last but not least, que son fidèle directeur de cabinet (qui l’a suivi du Budget au Travail), était un ami proche du beau-fils de Patrice de Maistre… !

    Pour quelqu’un qui nie connaitre Patrick de Maistre c’est un peu fort…De café ! Pour ma part, je n’ai jamais bu de café avec le Ministre…Pas plus, d’ailleurs, qu’avec mon inspecteur des impôts !!! Ma belle soeur non plus, du reste, même si elle travaille dans un groupe important, et paye l’ISF !

    -Au Nouvel Obs, Anne Méaux, qui conseille Eric Woerth dans sa communication de crise via l’agence Image 7, confirme: «Oui, Sébastien Proto et Antoine Arnault se connaissent. Ils n’ont pas à s’en cacher. Mais cela n’a jamais interféré dans le travail de Sébastien Proto.»

    Mais qui a donc « conseillé » à E. WOERTH d’employer Seb Proto alors ?

    -Thomas Bronnec, de l’Express, rappelle sur son blog que le conflit d’intérêt ne s’arrête pas à l’affaire Bettcncourt/Woerth : Sébastien Proto a beaucoup oeuvré pour l’adoption de la récente loi sur les paris en ligne. Or Bernard Arnault, père de son copain Antoine, possède 10% de Bwin, l’une des sociétés lancées sur le créneau, et sponsorise le dit site ».
    « Illégitime mais pas illégal », ce sont aussi, les nominations de personnalité à des fonctions d’intérêt général comme André Santini. Alors qu’il est toujours sous le coup d’une enquête pour “détournement de fonds publics, faux et prise illégale d’intérêt ” – Source Le JDD

    Ajoutons à cela des faits de « République irréprochable » :

    -F. Pérol a été fait officier de la légion d’honneur François Pérol : Ancien conseiller de l’Elysée et actuel patron de Banque Populaire-Caisse d’épargne celui ci est pourtant visé par une enquête pour « prise illégale d’intérêt » – Source Nouvel Obs

    -Christine Albanel, agrégée de lettres et ancienne plume de Jacques Chirac est directrice exécutive en charge de la communication, du mécénat et de la stratégie dans les contenus de France Télécom – Source Le Figaro

    Or, comme du reste Stéphane Richard, lui-même ancien directeur du cabinet du Gouvernement, Mme Albanel qui cumule trois mandats chez Orange / France Télécom, et au Cité des Télécoms est elle aussi sous le coup du conflit d’intérêt…Puisque cette brave dame a, comme qui dirait, défendu une loi – HADOPI – qui rend bien service aux boites citées !

    En effet, l’article 432-13 du code pénal interdit à un ancien « fonctionnaire ou agent d’une administration publique » de « prendre ou de recevoir une participation par travail, conseil ou capitaux » dans une entreprise sur laquelle il a pu avoir certaines formes d’influence dans le cadre de ses fonctions publiques.

    http://www.adm76.com/item_img/medias/documents/fiche-them-5.htm

  5. Leikar dit :

    Seb: commentaires edifiants, en effet… Les revelation du NObs sur les liens du dircab Proto avec Maistre/Arnault sont vraiment la cerise sur le gateau… Et Woerth qui disait ne pas connaitre Maistre – comment ces messieurs ont-ils pu tomber aussi bas ??… Et combien de conflits d’interets va t’on encore decouvrir ?? par ailleurs, bravo monsieur Urvoas pour votre voix republicaine.

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