Faut-il une loi ?

Publié dans Articles | 16 commentaires

Jean-François Copé a grillé la politesse hier à la mission parlementaire qui travaille depuis 6 mois. Il a annoncé que son groupe déposerait une proposition de loi visant à interdire la burqa dans l’espace public.

J’avoue mon scepticisme autant que je connais le manichéisme qui va structurer nos futurs échanges : soit on est pour la loi et on s’arroge un brevet de protecteur de la dignité humaine, soit on est contre et l’on est désigné comme un partisan de ce voile intégral.

Evidemment comme d’autres je suis hostile au niqab mais j’avoue mon interrogation sur le besoin d’en passer par une loi.

Celle-ci ne serait-elle pas immédiatement interprétée comme antimusulmane ? Ne donnerait-elle pas aux intégristes des arguments pour se présenter comme des victimes ? N’y a-t-il pas une contradiction entre le fait d’interdire la burqa au nom de la dignité des femmes et de fermer les yeux sur la diffusion de revues pornographiques dont les affichettes sollicitent les regards ?

Et sur le plan juridique, interdire le port d’un vêtement n’est-il pas une atteinte aux libertés publiques telles que les protège la Cour Européenne des Droits de l’Homme ?

Bien sûr, ce débat est presque derrière nous car la volonté du Président du groupe UMP de l’Assemblée est claire : il y aura un texte. Cela ne nous empêche pas d’y réfléchir.

Cette entrée a été publiée dans Articles. Vous pouvez la mettre en favoris avec ce permalien.

16 réponses à Faut-il une loi ?

  1. Vali dit :

    Je me souviens des prêtres et des bonnes soeurs qui ont évolué dans leurs tenues vestimentaires, dans les années soixante, sans le recours à la loi…

    Alors, sabots, souliers ou baskets ?
    Chapeau, béret, bonnet ou casquette ?
    Caleçon, slip ou string ?
    C’est vrai que, jusqu’à présent, on nous a laissés libres !
    Si, désormais, nos élus ont du temps à gaspiller pour gérer nos apparences vestimentaires…
    Et, à trop en parler, on alimente les dérives sectaires.

    Il y a tout de même d’autres priorités.

    Amicalement, joyeuses fêtes, quelles que soit nos croyances.

  2. baillergeau dit :

    On arrête sur les vêtements de ces dames et les flics regarderont de plus près les agissements des messieurs qui les accompagnent.
    Faire autre chose, c’est glisser dans le secondaire.

  3. Nathalie dit :

    Un texte de loi sur la burqua ? Il n’en sera pas question directement… Retrouvez la réponse a cette interrogation de manière plus complète sur mon blog…

  4. nico dit :

    bonnes fêtes de fin d’année

  5. seb dit :

    Une loi ne résoudrait rien. Il serait bien que le Législateur lise la DDHC ! (Avant même de prendre son passeport « europe »)

    Nous sommes en France. Arrêtons d’en passer par la Cour Européenne des Droits de l’Homme, laquelle ne peut, d’ailleurs, être requise qu’après avoir passé toutes les juridictions nationales. Il s’avère que nous avons un excellent texte, écrit par des parlementaires qui s’y connaissaient, ont réfléchi en profondeur, et ont réussi à écrire (miracle !) un chef d’oeuvre : la DDHC ! Arriver à faire un texte toujours aussi moderne 200 ans et quelques après sa rédaction, il faut le faire !

    Alors que dit la DDHC ?

    « Article premier : Les hommes naissent et demeurent libres et égaux en droits. Les distinctions sociales ne peuvent être fondées que sur l’utilité commune. »

    La France ne reconnaissant qu’une communauté – les Français – il va être difficile de considérer les musulmans comme une classe sociale qui devrait être traitée différemment !

    « Article 2 : Le but de toute association politique est la conservation des droits naturels et imprescriptibles de l’homme. Ces droits sont la liberté, la propriété, la sûreté et la résistance à l’oppression. »

    Vous avez bien lu. L’UMP n’est plus une « association politique » reconnue par la France, puisqu’il viole des droits naturels et imprescriptibles, propres, qui plus est…A l’Humanité !

    « Article 4 : La liberté consiste à pouvoir faire tout ce qui ne nuit pas à autrui : ainsi, l’exercice des droits naturels de chaque homme n’a de bornes que celles qui assurent aux autres membres de la société la jouissance de ces mêmes droits Ces bornes ne peuvent être déterminées que par la loi. »

    Est ce que porter la burka ou un bikini entrave autrui ? Menace l’exercice de ses droits naturels ?

    « Article 5 : La loi n’a le droit de défendre que les actions nuisibles à la société. Tout ce qui n’est pas défendu par la loi ne peut être empêché, et nul ne peut être contraint à faire ce qu’elle n’ordonne pas. »

    C’est, perso, mon article préféré. Il est si rare que des politiques se posent des limites, pour le bien de la Société en plus, via leur outil de travail : la loi ! Bonne chance pour prouver que la burka ou le bikini sont des « actions nuisibles » à la Société !

    « Article 6 : La loi est l’expression de la volonté générale. Tous les citoyens ont droit de concourir personnellement ou par leurs représentants à sa formation. Elle doit être la même pour tous, soit qu’elle protège, soit qu’elle punisse. »

    Et une violation de la DDHC, une ! L’égalité en droits ?

    « Article 11 : La libre communication des pensées et des opinions est un des droits les plus précieux de l’homme ; tout citoyen peut donc parler, écrire, imprimer librement, sauf à répondre de l’abus de cette liberté dans les cas déterminés par la loi. »

    Conscients, sans doute, que le seul motif pouvant être invoqué est « l’ordre public » il va de soi que la proposition de loi Copé ira peut être jusqu’au Parlement, mais sera aussitôt annulée par le Conseil Constitutionnel. (Si le PS veut bien faire l’effort de trouver 60 signatures en attendant que les citoyens puissent, eux mêmes, saisir le CC)

    Au lieu de s’interroger sur l’opportunité d’une loi, je pense qu’on devrait commencer par faire respecter les actuelles.

    Car aujourd’hui, disons le, ce qui pose problème, ce n’est pas vraiment que des femmes portent (ou non) la burqa, ou pire. Le souci c’est qu’elles puissent donner à ce vêtement une signification hostile à la France, à ses valeurs, à son « identité »…et le deuxième blem c’est que ce vêtement puisse être utilisé comme parfait moyen de cacher des choses. (Ex concret vécu : une femme qui cachait des pizzas sous sa burqa)

    Je pense que le Législateur ne doit pas passer (une nouvelle fois) par la loi (inutile) mais qu’il doit faire le premier job qu’on attend de lui : avoir le souci de son travail.

    1. Vous vous demandez, M. URVOAS, si une loi peut blesser une communauté – religieuse ou non – et cela me dérange. Car le Législateur n’est pas censé penser en terme de « communautés » mais seulement à la France. Est ce bon ou non pour la France d’interdire (ou non) la burqa ? Si « la France » a besoin d’une telle loi, alors il faut la voter. Si ce n’est pas le cas, aucune nécessité d’apporter votre soutien à un tel projet. Vous n’avez pas pour mission de ne pas blesser une « communauté ». Vous avez mandat de FAIRE LA LOI. Point barre.

    2. Pour savoir si une loi « risque » de créer quelques dissensions chez les musulmans, il serait bien que le Législateur lise le Coran. Après tout, c’est la « Bible » des musulmans. Donc, pour savoir si une loi pourra se faire taxer « d’antimusulmane » il convient de prendre un peu de temps pour lire le Coran.

    Car la plupart du temps, ceux qui expliquent que priver les musulmanes de leur burqa est une atteinte à la liberté de culte, n’ont pas lu l’ouvrage sur lequel il s’appuie. Rappelez vous qu’au sein de l’Eglise, on est allé expliquer que les femmes n’avaient pas d’âme ! Alors que Jésus n’a jamais dit un tel truc ! Je vous engage, à ce propos, à lire « le christ philosophe » de M. LENOIR, très intéressant, qui montre bien comment la parole du Christ a été détournée, en certaines occasions, pour servir l’Eglise. Il semble que certains intégristes, sous couverts de religion, veulent imposer leur façon de penser :

    « Et dis aux croyantes de baisser leurs regards, de garder leur chasteté, et de ne montrer de leurs atours que ce qui en paraît et qu’elles rabattent leur voile sur leurs poitrines; et qu’elles ne montrent leurs atours qu’à leurs maris, ou à leurs pères, ou aux pères de leurs maris, ou à leurs fils, ou aux fils de leurs maris, ou à leurs frères, ou aux fils de leurs frères, ou aux fils de leurs sœurs, ou aux femmes musulmanes, ou aux courtisanes qu’elles possèdent, ou aux domestiques mâles impuissants, ou aux garçons impubères qui ignorent tout des parties cachées des femmes. Et qu’elles ne frappent pas avec leurs pieds de façon que l’on sache ce qu’elles cachent de leurs parures. Et repentez-vous tous devant Dieu, ò croyants, afin que vous récoltiez le succès. » verset 31 la Sourate 24. »

    En langue d’aujourd’hui : « dites à vos épouses de ne pas s’exhiber devant des mâles incapables de maîtriser leurs hormones, des vicieux, et des malades. Dites leur de réserver leur charme à leur époux légitime, à leur famille, et à tous ceux qui ne connaissent encore rien des secrets (et des réjouissances ?) de l’amour charnel. »

    De toute évidence, l’Islam partage avec le christianisme le même constat sur l’Homme : il est faible devant la chair. Si (plus positif ?) le christianisme juge l’Homme capable de « résister à la tentation » (avec l’aide de Dieu) grâce à sa volonté (ainsi, au Moyen Age, les épousés devaient ils (théoriquement) prier trois soirs ensemble avant de pouvoir consommer le mariage (ces nuits de prière étant consentis à St Tobie))…Bien qu’à la longue l’Eglise ait trouvé quelques « excuses » pour « trouver le fruit du péché » (commettre un adultère, avoir des relations sexuelles avant le mariage), notamment à l’égard des « puissants » (les rois se voyant ainsi autorisés à avoir une maîtresse puisqu’ils agissent pour l’Etat et ne se marient pas par amour, et de même autorisés (voire même encouragés) à connaître la chair avant le mariage pour avoir un peu d’expérience en vue d’une reproduction rapide et efficace)…L’Islam préfère tabler sur la femme, qui doit « voiler » (cacher) ses « fruits » source de tentations pour l’impuissant mâle, qui oubli ses préceptes devant une paire de seins.

    On voit ici comment un simple verset a pu être aisément interprété. Alors que le verset appelle la femme a ne pas exhibé ses « rondeurs » – et pour cela, un simple tee-shirt (non mouillé) suffit – on nous sort que les femmes musulmanes devraient s’enfermer dans une tenue indigne de la femme…Que l’Islam reconnait, pourtant, comme plus apte à la volonté que l’homme !

    « O enfants d’Adam, nous vous avons fourni des vêtements pour couvrir vos corps, aussi bien que pour le luxe. Mais le meilleur vêtement est le vêtement de la droiture. Ce sont certains des signes de DIEU, qu’ils puissent en tenir compte. » 7 : 26″

    Bref…On demande de la réserve, de la pudeur, aux croyants. D’être humbles. De ne pas prier « le veau d’or » en quelque sorte. Jésus ne dit pas autre chose, quand il montre que même le Fils de Dieu s’agenouille devant plus petit que lui, pour lui laver les pieds. (Acte d’un serviteur) Il ramène le puissant à l’état d’humble serviteur. Saint Louis comprendra, d’ailleurs, la parole divine ainsi.

    Il n’est écrit, nulle part, dans le Coran, que les femmes doivent se couvrir les cheveux. Seulement leurs « rondeurs » : bref, tout ce qui peut exciter un homme normalement constitué. Si les cheveux sont devenus (de nos jours) un atout sensuel, il est incontestable que, dans la vie de tous les jours, une femme qui a les cheveux libres ne fait pas preuve d’obscénité.

    Si l’on estime que Dieu nous a fait à son image, quelqu’il soit, alors il faut se dire, que comme nous, il estime qu’une poitrine généreusement offerte attire l’oeil, alors qu’une femme qui a les cheveux libres, ne suscitera pas un manque de contrôle masculin. De la même manière, s’il peut paraitre « peu pudique » qu’un homme se trémousse en string, circule dans les couloirs torse nu, il n’y a rien d’indécent à ce que cet homme vienne cheveux libres ! Les dames n’y trouveront rien à redire !

    « Et dis aux croyantes de baisser leurs yeux, et de maintenir leur chasteté. Elles ne devront pas révéler des parties de leurs corps, excepté ce qui est nécessaire. Elles devront couvrir leurs poitrines , et ne devront pas relâcher ce code en présence d’autres que leurs maris, leurs pères, les pères de leurs maris, leurs fils, les fils de leurs maris, leurs frères, les fils de leurs frères, les fils de leurs sœurs, d’autres femmes, les serviteurs males ou les employés dont la conduite sexuelle a été annulée, ou les enfants qui n’ont pas atteint la puberté. »

    Là encore, ce n’est que du bon sens. Habilliez vous comme vous le souhaitez, mais si je puis dire, pas comme une fille qui « cherche » mais pas plus comme un cadavre ! La femme doit se protéger du mâle, mais cela ne signifie en rien qu’elle doit se changer en tente !

    « Elles ne devront pas frapper de leurs pieds lorsqu’elles se promènent afin de secouer et révéler certains détails de leurs corps. »

    Pourquoi ceci ? Parce qu’au moment où les trois religions monothéistes ont surgi, la cheville était considérée comme une zone sensuelle ! Et le pied encore plus ! Dans certains films, on voit les courtisans français se pâmer devant une cheville ! Un peu comme certains hommes, de nos jours, adorent faire l’amour avec une partenaire qui garde ses gants, longs de préférence, non par pudeur, mais parce que le fait de cacher les coudes et les mains dans une étoffe aguiche et…Tente !

    Le Coran est un beau prétexte pour mettre les femmes dans un vêtement prison. A bien des égards, le Coran donne une sacrée liberté aux femmes : il les trouve plus capable de résister à la tentation que l’homme (puisque les hommes, eux, ne sont pas appelés à se protéger de la tentation, ni même contraints de se préserver des « diablesses » (comme le préconisait l’Eglise, en interprétant mal les propos du Christ, qui au contraire louait la beauté des femmes !), il leur réserve le droit de choisir quelle définition elles donnent au concept de « nécessaire », il les rend maîtresses d’elle mêmes puisqu’elles ont la sagesse !

    Demandez vous M. Urvoas : qui se cache derrière tel ou tel précepte ? Le Christ…Ou l’Eglise ? Dieu…Ou des extremistes musulmans, paranos, et machos ? Yavé…Ou l’Etat d’Israel ?

    Rappel : mentir au sujet du Coran (de la Bible, de la Torah…) et salir le Coran (la Bible, la Torah…) sont parmi les plus grands pêchés pour les croyants. Peut être le Législateur ferait il bien de rappeler quelques passages des textes sacrés à certains ?

    –au nom de quoi l’Eglise refuse t elle l’ordination aux femmes ? Jésus n’a jamais interdit une telle chose…Si les Romains étaient dans une société patriarcale, peut être conviendrait il d’arrêter de se cacher derrière la Bible pour tout et pour rien !

    –au nom de quoi la burqa et consorts en France, alors que le Coran ne préconise rien de tel ?

    –au nom de quoi cette séparation entre les Juifs et le reste du monde,
    alors que la Torah préconise le rassemblement ?

    3. Le problème de notre France, c’est que sous couvert de règles religieuses, les élus par lâcheté, clientélisme, ou autre, cèdent devant des demandes inqualifiables.

    -des horaires de piscines particuliers pour certains (en raison de questions religieuses) : sommes nous en république laique oui ou non ?
    -des mosquées financées par le contribuable sous couvert de financements associatifs
    -des femmes qui refusent d’obtempérer devant la police ou un agent de sécurité, pour des raisons religieuses : le fait de dire « je suis de confession x » ne devrait pas suffire pour obtenir des « passe droits » et/ou privilèges : au nom de quoi certaines femmes, après menaces de leurs maris, frères, etc. auraient elles droits à avoir un médecin, un agent de sécurité, un policier, de leur sexe ? Alors qu’on n’a pas une telle sollicitude envers l’athéee, la chrétienne, la juive, l’indoue, etc.

    Est ce que Jean de France (héritier du trone de France) pourrait exiger d’avoir un médecin, une infirmière, ou un contrôleur des impôts, qui partagent ses convictions politiques (un monarchien tout au moins) ? Non bien sur. Alors pourquoi les maires, les députés, les sénateurs, permettent ils des inégalités en droits ?

    -Soit chacun, en fonction de critères discriminants, peut choisir ses heures de piscine, qui effectue un contrôle sur sa personne, le sexe de son soignant…

    Soit, le Législateur considère qu’il n’y a que des « citoyens » et que ces « citoyens » ont les mêmes droits : celui d’être soigné…Mais pas de choisir celui qui vous soigne en fonction de critères discriminants (s’il n’y a qu’un chirurgien homme, on ne va pas aller chercher un chirurgien femme à l’autre bout de la ville, rien que pour contenter certains), celui d’être instruit..Mais pas celui d’interdire à tel enseignant de faire cours parce qu’il n’est pas un homme, qu’il vote FN, ou autre chose du même genre…Celui d’être en sécurité, et de faire l’objet d’un contrôle policier non dégradant…Mais pas celui de pousser des hauts cris si un homme procède au contrôle, sans faire de gestes déplacés…Etc.

  6. Nathalie dit :

    Depuis plusieurs années, des remontées du terrain arrivaient sur une pratique nouvelle en France : des femmes, volontairement ou sous pression, se masquent complètement le visage en permanence.

    Ce phénomène, encore marginal, a tendance à se développer. Les statistiques à ce sujet sont floues. Et variables. Le ministère de l’Intérieur évoque le chiffre de 2 000 femmes. Quoi qu’il en soit, il provoque une consternation unanime auprès de nos concitoyens et dans le débat public.

    Je suis pour la liberté de conscience et pour la liberté religieuse.

    J’ai été choquée par la dérive du débat qui a accompagné le vote suisse lors du référendum sur les minarets. Une mosquée est un lieu de culte qui doit respecter les règles d’urbanisme locales. Nos concitoyens de confession musulmane ont le droit d’exercer leur culte, comme n’importe quel autre !

    Ce débat ne porte pas sur la place de l’immigration en France.

    75% des femmes qui portent la burqa ont la nationalité française, beaucoup sont des femmes nées en France et l’immense majorité des immigrés en France ne sont pas plus concernés par la burqa que les Français de naissance.

    Ce n’est pas davantage une question religieuse. Tous les spécialistes de l’islam l’ont confirmé, la burqa n’a jamais été une prescription religieuse : elle est d’ailleurs rejetée dans la plupart des pays musulmans. Et jusqu’à la Mecque, où le port de la burqa est interdit pendant le pèlerinage, pour des raisons de sécurité !

    C’est dire combien il serait absurde de rattacher cette question à un débat sur la laïcité ou la place de l’islam. Refusons catégoriquement l’instrumentalisation politique de la religion !

    Je rejette toute caricature de l’islam fondée sur les pratiques d’une minorité d’extrémistes.

    Nos compatriotes de confession musulmane sont les premières victimes d’amalgames qui peuvent se développer au sujet de leur religion.

    Notamment à cause du port de la burqa.

    Refusons la banalisation, la stigmatisation ! On ne peut pas traiter ces questions par un arrêté discret ou une simple circulaire !

    On peut entendre : « C’est un sujet tellement marginal que les politiques ne devraient pas s’en occuper. Ils ont d’autres chats à fouetter. »

    Une telle objection mérite plusieurs réponses.

    - D’abord, nous avons affaire à un phénomène dynamique. Il était inexistant il y a 10 ans, il touche plusieurs centaines de femmes aujourd’hui. Et surtout dans des endroits précis.

    Ce qui compte, c’est moins le chiffre en valeur absolu que l’augmentation et la concentration dans quelques zones urbaines. si un jour cette pratique se généralisait dans certains quartiers de nos villes, les mêmes qui reprochent aujourd’hui de travailler sur ce sujet reprocheraient demain d’avoir trop tardé à agir…

    - Enfin et surtout, rappelons que la question n’est pas de savoir combien de femmes portent la burqa. Ce n’est pas une question de nombre. C’est une question de principe !

    Cette pratique, liées à des traditions locales dans quelques zones, notamment en Afghanistan, se développe à présent dans plusieurs endroits du monde, sans correspondre à aucun fondement religieux ou traditionnel. En réalité, ce sont des extrémistes qui testent la République en encourageant une pratique qu’ils savent contraire aux principes essentiels de notre pays.

    La réalité, c’est que personne en France ne souhaite raisonnablement que cette pratique s’installe sur notre territoire.

    Les représentants des musulmans de France ont une position très claire qui rejoint celle de la très grande majorité de nos concitoyens pour qui le port de la burqa n’est pas compatible avec la vie en société, avec les valeurs de la République. Il y a d’abord des lieux où l’interdiction de la burqa fait consensus :

    il est évident que la burqa n’a pas sa place dans les services publics et les bâtiments publics ou dans les lieux privés ouverts au public, comme les commerces.

    C’est une question de sécurité évidente. On n’entre pas dans une mairie, une école ou une banque avec un casque de moto, une cagoule ou un masque blanc… Il faut avoir le visage découvert et être reconnaissable.

    Des interdictions sont déjà possibles, mais de portée limitée et de nature différente. Clarifions et consolidons le droit existant. Même l’exécutif reconnaît aujourd’hui que cela est nécessaire.

    Reste la question d’une interdiction générale sur la voie publique.

    Pour certains, elle serait disproportionnée. D’autres pensent qu’elle risquerait d’être mal comprise. Enfin des juristes mettent en avant des obstacles d’ordre juridique.

    Les juristes sont dans leur rôle et ils ont raison d’alerter sur les risques divers, notamment ceux d’un recours devant le Conseil Constitutionnel ou la Cour européenne des droits de l’homme.

    Mais le rôle des législateurs, n’est pas de commenter le droit, il est de l’écrire.

    Et parfois de faire bouger les lignes. Surtout dans des matières où la jurisprudence n’est pas établie.

    On ne peut pas laisser les maires seuls en première ligne. Sans outil juridique adapté.

    Tous les Etats de droit sont menacés par la même fragilité : les ennemis de la démocratie peuvent instrumentaliser les libertés qu’elle garantit pour les retourner contre la démocratie elle-même ! C’est ce que nous voyons aujourd’hui avec la burqa. Allons-nous sombrer dans l’impuissance ?

    Des fondements juridiques solides : la dignité humaine et l’ordre Public.

    Pour moi, le respect de la dignité humaine, principe à valeur constitutionnelle, apparaît comme un fondement essentiel ! La burqa s’attaque à la dignité des femmes, elle porte atteinte à leur identité, les soumet à une discrimination absurde, les coupant de toute vie sociale.

    Certains objectent que l’on ne peut pas opposer la liberté à la dignité. Et que chacun est libre de s’habiller comme il l’entend.

    Les professionnels du lancer de nains avaient une argumentation du même type pour justifier leur activité : tant que des personnes de petite taille sont volontaires pour se faire propulser en hauteur contre une rémunération, au nom de quoi pouvait-on les en empêcher ? Le Conseil d’Etat a tranché, dans un arrêt resté célèbre pour tous les étudiants en droit administratif.

    La France considère que le respect de la dignité humaine est un principe fondamental qui mérite d’être défendu par notre droit. D’autant plus qu’aujourd’hui, ce n’est pas la liberté de s’habiller qui est en cause : c’est la dissimulation permanente du visage ! Nous ne parlons pas de la burqa en tant que vêtement mais en tant que masque sur le visage et réclusion pour celle qui la porte ! Se dissimuler derrière un masque en permanence dans la rue, est-il vraiment un droit de l’homme ?

    Outre la question de la dignité, l’interdiction doit aussi se fonder sur l’impératif d’ordre public. Je vous invite à imaginer un instant des quartiers où la moitié de la population serait masquée en permanence et vêtue de la même façon. Ce n’est pas acceptable, notamment alors que nous développons la vidéo-protection dans de nombreuses villes pour répondre aux attentes de nos concitoyens.

    Se masquer le visage en permanence dans l’espace public, ce n’est pas l’expression d’une liberté individuelle. C’est une négation de soi, une négation de l’autre, une négation de la vie en société.

    Voilà pourquoi je suis favorable à une loi, précédée d’une phase de dialogue et d’explication.

    Précisons que la loi ne parlera même pas de burqa ou de voile intégral. Elle rappellera juste ce qui était jusqu’à présent si évident qu’il n’y avait pas besoin de l’inscrire dans notre droit : la visibilité du visage dans l’espace public est une condition indispensable au « vivre ensemble » et un gage de sécurité.

    On ne doit donc pas se promener le visage masqué dans l’espace public, hors circonstances particulières, liées à une situation climatique, un état de santé, une manifestation culturelle ponctuelle…

    Cela aura d’ailleurs le mérite de régler clairement le problème des cagoules qu’utilisent les casseurs dans les manifestations.

    Pour ce qui concerne les sanctions, les cas de figure sont différents selon les lieux.

    Pour les services et les bâtiments publics ou les lieux privés recevant du public, pas besoin d’autre sanction que le refus de l’accès aux bâtiments.

    Sur la voie publique, le plus simple est de procéder à des contraventions qui seront évidemment suffisamment dissuasives, tout en restant mesurées.

    Conclusion

    Pour être pleinement comprise et acceptée, cette loi sur la burqa doit s’inscrire dans une politique globale en faveur de l’égalité hommes-femmes. C’est un défi majeur pour notre pays. Nous ne pouvons pas sans cesse nous féliciter des progrès accomplis pour nous exonérer du travail qu’il reste à faire !

    A la veille du Pékin + 15, sommet international très important pour le droit des femmes, alors que l’année 2010 sera consacrée à la lutte contre les violences faites aux femmes dans notre pays, il est plus que jamais nécessaire de relancer les mesures d’égalité entre les hommes et les femmes. Il n’y a pas d’égalité, quand les hommes font peser des contraintes sur les femmes ! Il n’y a pas de fraternité quand chacun manifeste ouvertement dans l’espace public son refus du moindre contact avec son semblable.

    Le « vivre ensemble » des hommes et des femmes dans l’espace public n’est pas une anecdote. C’est un héritage de l’histoire, une marque de notre civilisation et un combat permanent !

    La France doit être un pays où les femmes et les hommes sont égaux et peuvent vivre ensemble dans l’espace public.

    Sans murs de tissus ou de briques.

    Sans frontières dans les rues ou dans les têtes !

    Mais aussi avec des salaires égaux à poste égal.

    Avec des responsabilités partagées dans la sphère économique, sociale et politique.

    Avec un respect inconditionnel de la dignité de chacun.

  7. baillergeau dit :

    @Nathalie dit : 24 décembre 2009 at 9:33

    Je pense qu’il ne faut se tromper de piste.
    Nous ne sommes pas en face d’un problème religieux.
    Il s’agit sans doute d’une action politique, déguisée en « pratiques religieuses » sans le moindre fondement théologique, à moins de penser que celui des idiots fanatiques est recevable.
    Si la mouvance qui entoure ces femmes a une conduite et des slogans qui luttent contre les règles de notre espoir démocratique, la police et la justice sont là pour cela, sans fausse peur.

  8. Mehmet Yilmaz dit :

    Bonjour,
    En tant que musulman, je suis ce débat de très prêt. Etonné que l’on (Mr Urvoas,je sais que vous n’aimez pas l’emploi du « on » dsl) gaspille autant de temps et d’énergie sur un sujet mineur alors qu’il y a d’autres priorités. Je note parallèlement les dérives islamophobes de certains (gauche droite confondu) qui profitent de la conjoncture. Comme il a été rappelé, le voile intégral n’est pas une prescription islamique comme elle n’est pas non plus répandue dans notre société.
    Nous avons eu un cas à Quimper l’année dernière (on croirait parler d’une pathologie, c’est patéthique). Il s’agissait d’une femme qui avait eu une interprétation assez poussée. Sous la pression de la communauté et après un débat intellectuel (entre femmes) questionnant les fondements de sa pensée, elle a décidée de l’enlever et de retourner au voile « classique ». Ce travail de fonds appartient donc à nous responsables associatifs.
    Ce qui me choque, c’est que sous couvert du voile intégral, on veux effacer gommer une identité française et musulmane (voile dans un espace public, minaret…) et on évoque un terme dangereux qui est l’assimilation (les bretons (n’ont-ils pas été) ne sont-ils pas également victimes de cette volontée assimilationniste?). La France que j’aime c’est celle qui sait être ouverte sur d’autres opinions et capable d’accepter et d’assumer les choix qu’elle a fait (immigration des italiens, espagnols, portuguaix, magrébins, turcs…)
    Les enfants des parents qui ont contribué à reconstruire la France sont aujourd’hui rejetés : c’est l’impression que j’ai à travers des différents débats autour du sujet de l’Islam.
    Je vous remercie Monsieur Urvoas pour les observations que vous formulez autour de ce débat.
    J’invite tous les parlementaires, soucieux de protéger (sincèrement) la femme, de se concentrer sur les thématiques suivantes :
    Comment aider les femmes à combiner une activité familiale et professionnelle?
    Comment aider les femmes à lutter contre les discriminations au travail?
    Comment la femme puisse trouver naturellement sa place en politique sans être un nom qui figure sur une liste en application du principe de la parité?
    Je vous remercie.

  9. Et si demain on interdisait aux Bigouden de porter leur coiffe ?
    J’en suis à mon 2em ,Hic …..

  10. Catherine dit :

    Mais cela est déjà arrivé, il me semble, pour les cartes d’identité :-)

  11. RR dit :

    On peut s’instruire en écoutant la chaine parlementaire, et les diverses auditions de la commission parlementaire d’information sur la pratique du port du voile intégral sur le territoire national
    http://www.assemblee-nationale.fr/13/commissions/voile-integral/index.asp
    Les auditions de qualité (Elisabeth Badinter, Guy Carcasonne) sont nombreuses et les questions des parlementaires gagnent en qualité au fil de temps. L’une des dernières auditions concernaient les ministres Hortefeux, Darcos et Besson.

    Il semble rester à la fin de de marathon des divergences entre les parlementaires d’un même parti, mais il me semble qu’une majorité se dégage pour une loi à condition qu’elle soit applicable (ce qui ne semble pas être impossible).

    Une autre solution pourrait être un résolution forte du parlement, qui pourrait être accompagnée par une circulaire aux préfets, maires, proviseurs, ….

    Je ne peux que conseiller de parcourir ces auditions, car il y a un vrai travail et on ne peut pas cracher dessus.

    Ceci dit, je trouve l’attitude de Copé assez choquante et politicienne. La moindre des choses aurait été d’attendre justement le rapport de la commission prévu fin janvier.

  12. Pour les femmes portant la burka (complète) quelle âge la moyenne ?

  13. Je ne connais plus de femme portant la coiffe Bretonne comme dans mon enfance , à part les jeunes dans les cercles et autres bagadous !

  14. le clan des XXXX dit :

    Ce n’est pas bien mais alors pas bien du tout, ce que fait monsieur Copé. Mais que penser alors de la tribune de la délicieuse Aurore Filppetti et des impayables Manuel Valls et Esnol, parue dans “Libération” du 21 décembre et qui ne dit pas autre chose que ce que dit le sieur Copé et ce en contradiction avec la position du P.S?????

    Réaction de JJU
    Monsieur,
    Ce n’est pas la première fois que je suis contraint de vous censurer. Vous connaissez pourtant pour y intervenir sous de multiples identités la règle de ce blog : l’expression y est libre à condition de ne pas se masquer en utilisant une adresse ou un pseudonyme pouvant porter préjudice à d’autres internautes. Considérant que vous veniez à nouveau de le faire en utilisant mon nom, j’ai usé de ce pouvoir de rectification.
    Sur le fond, à ma connaissance, le PS n’a pas arrêté sa position. Il attend les conclusions de la commission de l’Assemblée où travaillent depuis 6 mois une vingtaine de députés socialistes….
    .

  15. Husson dit :

    L’argumentation du PS est certes à prendre en compte, mais j’ai envie de dire assez d’angélisme. La question de la burga ne se résoudra par la bonne volonté des personnes concernées. La loi me paraît être encore le moindre mal, peut-on tolérer, independamment de l’aspect religieux que des personnes circulent masquées sur notre territoire national?

Laisser un commentaire

Votre adresse de messagerie ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

*

Vous pouvez utiliser ces balises et attributs HTML : <a href="" title=""> <abbr title=""> <acronym title=""> <b> <blockquote cite=""> <cite> <code> <del datetime=""> <em> <i> <q cite=""> <strike> <strong>