Ouverture de la chasse au Valls ?

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Absorbé par les travaux de la Commission et une très vigilante attention à l’évolution des enjeux bretons, cette incroyable déclaration du fondateur de Médiapart m’avait échappé.

Ainsi donc pour Edwy Plenel  »le danger, c’est pas madame Le Pen [...] c’est Manuel Valls ». Et pour ceux qui n’auraient pas immédiatement compris le cheminement (je n’ose écrire « la logique » par respect pour Descartes) de son analyse, il prend la peine de préciser « Le danger, ce sont ceux qui cèdent à l’adversaire. Qu’ils soient de droite ou de gauche. C’est ceux-là qui font la politique du pire. Comment arrive la collaboration ? Parce que des gens de gauche et de droite cèdent devant le nazisme ». Effarant encore je modère mes propos.

Si je comprends bien, non seulement Manuel Valls ne serait pas un républicain mais en sus, il devrait être combattu au nom même de la République ! On a beau être habitué aux imprécations serpentines d’un journaliste qui semble concevoir sa fonction comme la capacité à débusquer puis à pointer l’ennemi d’un doigt sans pitié, je reste confondu devant une telle navrante stupidité. Heureusement n’est pas Caton qui veut et comme l’écrivit Talleyrand, tout ce qui est exagéré ne compte pas.

En réalité, je peine à comprendre l’intérêt de ce genre de déclaration sauf à accepter l’idée que la vocation d’un chroniqueur est de tomber dans le défoulement, et que l’éditorialiste finit toujours par devenir un vitupérateur dont le seul but est d’attirer l’attention. Dans ce cas, c’est vrai peu importe la justesse du ton seule compte la force de la voix…

Surprise supplémentaire : recherchant si quelqu’un avait réagi à cette lamentable philippique, je n’ai rien trouvé… Le PS me semblait pourtant s’être doté de 4 porte-paroles « pour être plus efficace« .

Les seuls articles disponibles ne traitent que de « l’assourdissant silence » du ministre de l’Intérieur ou de « son étonnante discrétion » voire de sa « sobriété impromptue« . Tous ces commentaires venant de journalistes qui hier encore rivalisaient de mots pour dénoncer « l’omniprésence » du même, son « été médiatique« …

Pour ma part, je peux témoigner que cette semaine, le ministre de l’Intérieur était loin d’être muet. En effet, mardi après midi, il est venu devant la Commission des lois développer les crédits dédiés à la politique d’asile et d’immigration qu’il conduit au nom du gouvernement pendant près de 3 heures, et hier matin encore, il était dans l’hémicycle dans lequel il présentait son budget « sécurité« , avant que l’après midi, il  ne réponde aux députés sur la mission » administration générale et territoriale de l’Etat ».

Naturellement, tout cela était public mais le fait est que les observateurs étaient rares, ce qui laisse de la place aux perroquets..

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8 réponses à Ouverture de la chasse au Valls ?

  1. jmestries dit :

    bonjour,
    voilà pourquoi j’ai laissé tomber Médiapart il y a quelques temps déjà.

  2. Edwy Plenel dit :

    Monsieur le député, cher Jean-Jacques Urvoas, je vais vous répondre dès demain, lundi 11 novembre, sur mon blog du Club de Mediapart. Avec, je l’espère, plus d’arguments que vous n’en utilisez ici, tant votre billet est une simple récusation indignée sans raisonnement ni démonstration. Vous ne pouvez pas faire semblant de découvrir ma position sur la politique de l’actuel ministre de l’intérieur, position fondée sur des faits présents et des rappels passés. Je m’étais déjà permis de le rappeler dans le fil de votre précédent billet en défense de Manuel Valls, du 28 août dernier, intitulé « Ce que Valls apporte à la gauche ». C’est ici, et mon commentaire est le sixième en partant du haut:
    http://www.urvoas.org/2013/08/21/ce-que-valls-apporte-a-la-gauche/
    Mais peut-être que vous ne lisez pas les fils de commentaires. Aussi puis-je vous renvoyer à cet article du 20 septembre 2012 où j’expliquais de façon détaillée (près de 16.000 signes) pourquoi Manuel Valls ne mène pas une politique fidèle aux valeurs de la gauche, dans son exigence démocratique et sociale, ni surtout fidèle aux engagements pris par François Hollande durant la campagne présidentielle. Je vous invite à le lire et à le discuter plutôt qu’à me vouer aux gémonies, comme si un journaliste informé et indépendant n’était pas en droit, parfois, de dire son mot à la politique professionnelle – ce que je n’ai jamais renoncé à faire, sous la droite comme sous la gauche, en toute loyauté et franchise. C’est à lire ici, cela date d’il y a plus d’un an:
    http://www.mediapart.fr/journal/france/200912/ce-reniement-dont-valls-est-le-nom
    Merci en tout cas de me donner l’occasion de préciser demain sur Mediapart ce qu’il en est, selon moi, de la gauche, de l’extrême droite et du racisme. En cordial et respectueux désaccord,
    Edwy Plenel

  3. Jean-Marie Henry dit :

    Monsieur le Député,

    En ce jour d’Armistice, j’ai une pensée pour les trois oncles de mon père qui sont morts pour la France lors de la première guerre mondiale, pour ses deux frères morts dans les guerres coloniales, pour lui-même, résistant, officier en Indochine et Algérie, et que la torture et les exactions répugnaient. Ils étaient tous bretons. Je viens d’entendre les déclarations de Manuel Valls faisant suite aux démonstrations lamentables de certains individus sur les Champs Elysés. C’est tout à l’honneur du ministre de l’Intérieur d’avoir su distinguer les « bonnets rouges » de l’extrême-droite. Quant à votre billet, je regrette que vous schématisiez les propos d’Edwy Plenel : je n’ai aucun doute sur le danger que Madame Le Pen et ses « amis » font peser sur la République. En revanche, comme Edwy Plenel, je m’inquiète seulement du fait que Manuel Valls ait pu avoir, il y a quelques temps, des propos et des comportements ambigus quant à certaines populations. C’est cela qui peut distiller le doute dans les consciences républicaines.

    Sentiments respectueux et républicains, Monsieur le Député.

    Jean-Marie Henry

  4. Edwy Plenel dit :

    Monsieur le député, cher Jean-Jacques Urvoas, j’ai finalement choisi de vous répondre par un article dans le Journal de Mediapart, plutôt que par un simple billet de blog de notre Club participatif. D’abord parce que cette polémique, honorable, témoigne de l’identité éditoriale de Mediapart, tissée de vigilance sur les faits et d’indépendance vis-à-vis des pouvoirs et des partis, alors même que nous avons appelé de nos vœux la fin du sarkozysme et l’alternance dont ont bénéficié François Hollande et ceux qui l’entourent. Ensuite parce que je ne désespère qu’un jour, vous lisiez Mediapart après vous y être abonné et qu’ainsi, vous ne vous contentiez pas à notre propos des apparences médiatiques. Bref, dans l’espoir de débats véritables, argumentés et raisonnés, plutôt que les anathèmes qui émaillent votre billet: « stupidité », « défoulement », « vitupérateur ». Voici donc le lien (payant) avec cet article, intitulé « La gauche, l’extrême droite et la xénophobie »:
    http://www.mediapart.fr/journal/france/111113/la-gauche-l-extreme-droite-et-la-xenophobie
    Bonne lecteur, en toute cordialité,
    Edwy Plenel
    PS: @Jean-Marie Henry merci infiniment d’avoir si bien compris le sens de ma mise en garde.

  5. Jordan Osete dit :

    Monsieur le député, cher Jean-Jacques Urvoas, cher camarade,

    Je suis membre du Parti Socialiste, bien que simple militant, mais j’ai participé à la campagne présidentielle de 2012, donnant principalement de mon temps (mais beaucoup de temps) pour la victoire de François Hollande, tout comme pour la campagne législative. Je soutiens le gouvernement et la majorité socialistes, et je souhaite que la Gauche réussisse ce mandat.

    Et si je ne partage peut-être pas certains termes de M. Plenel (notamment je regrette la référence au nazisme, plutôt maladroite), je me retrouve dans un certain nombre de points de son analyse. Je considère comme lui qu’une partie des choix que nous faisons et avons fait sont responsables du désamour de notre électorat, bien plus que la hargne des journalistes, quand bien même le « Hollande-bashing » est une réalité (mais bien plus dans la presse de droite que sur Mediapart à mon sens). J’ai d’importantes réserves quand à la loi dite de « sécurisation de l’emploi » votée cette année, par exemple, de même que sur l’allongement de la durée de cotisations, ou sur le fait que le financement de la réforme des retraites ne porte pas du tout sur les entreprises, pour prendre quelques exemples récents. Je ne comprends pas pourquoi nous n’avons toujours pas mis en place la vraie réforme fiscale promise, ni pourquoi nous attirons l’attention sur un supposé « ras-le-bol fiscal », quand c’est avant tout la répartition des prélèvements obligatoires qui pose problème, plus que les prélèvements en eux-mêmes. Bien sûr, il y a eu un certain nombre d’avancées depuis 2012, mais il y a aussi des choix de cette politique dans lesquels je ne me reconnais pas.

    Mais si je peux admettre certaines divergences pour certains sujets, admettre que certaines choses ne se passent pas tout à fait comme je l’espérais, c’est autre chose pour ce qui est de la politique de Manuel Valls, sur laquelle je suis en désaccord complet. Le ministre de l’intérieur fait tout ce que nous avions dénoncé sous Sarkozy. Certes en y mettant les formes, avec beaucoup d’habileté politique, mais il fait la même chose. Lorsqu’il pointe du doigt une population en prétendant qu’elle ne voudrait pas s’intégrer, ou lorsqu’il oppose les pauvres entre eux avec sa géniale formule de « ne pas ajouter de la misère à la misère », comme si le véritable enjeu était dans les quelques milliers d’étrangers en situation irrégulière désignés comme responsables plutôt que dans l’injustice de la répartition des richesses ! Et sa politique de démantèlements de campements et d’expulsions est d’une violence comparable à celle que menait la précédente majorité, sans finalité aucune, tout comme sa conception très sécuritaire du rôle qui est le sien. Et en tenant ces propos, en menant cette politique et en jetant le discrédit sur une partie de la population, je crois, comme Edwy Plenel, que M. Valls participe à donner du crédit aux idées de l’extrême-droite, quand bien même ce n’est probablement pas son intention.

    Je suis socialiste, et je veux que nous réussissions à gauche. Mais je crois que si nous voulons réussir, nous devons être capables de prendre du recul et de porter un regard critique sur notre propre action. Il nous reste un peu plus de trois ans pour faire ce que notre électorat attend, rien n’est encore perdu. Mais la pire erreur à faire serait de continuer sur la même ligne sans se poser de question.

    Cordialement,
    Jordan Osete

    • THIBAULT, dit :

      Monsieur le député,

      …sauf à accepter l’idée que la vocation d’un chroniqueur est de tomber dans le défoulement, et que l’éditorialiste finit toujours par devenir un vitupérateur dont le seul but est d’attirer l’attention. Dans ce cas, c’est vrai peu importe la justesse du ton seule compte la force de la voix…

      Serait-ce un parallèle avec les politiques dont la vocation est de caresser dans le sens du poil les électeurs à chaque échéance électorale en faisant des promesses que l’on s’empresse d’oublier après l’échéance ?

      Je ne partage pas toujours les avis de Mr PLENEL, et plus particulièrement celui concernant le ministre de l’intérieur, mais je resterai abonné à médiapart (je vous conseille de vous y abonner, vous y trouverez des articles écrits par Mr PLENEL qui vous satisferont pleinement dès lors qu’ils « tapent » sur la droite dont l’auteur, je suppose, n’aura pas dans ce cas, vocation à…) car « l’information », quelle qu’elle soit, quand bien même elle « gênerait » telle ou telle formation politique, doit passer, sans être occultée, sans être dirigée, sans être déformée…par les politiques.

      Monsieur le député, les politiques donnent l’impression aux Français que la droite ou la gauche c’est le « même combat », que la droite ou la gauche c’est avant tout la défense des « castes » supérieures dont les élus en font partie, que la droite ou la gauche c’est une machine à fabriquer des pauvres (près de 10 millions en France, et quand il y en aura 15 millions nous approcherons de la Révolution)et qui est bien incapable d’enrayer les peurs des Français.

      Médiapart n’est pas un spécialiste de la langue de bois tant pour la droite que pour la gauche. cela vous gênerait-il ?

      « On a beau être habitué aux imprécations serpentines d’un journaliste qui semble concevoir sa fonction comme la capacité à débusquer puis à pointer l’ennemi d’un doigt sans pitié, je reste confondu devant une telle navrante stupidité… »

      L’affaire CAHUZAC assimilée à une simple « imprécation serpentine »… Vous ne dérogez pas aux règles habituelles des politiques tendant à vilipender tout journaliste indépendant, qui, de par son indépendance, use de son droit à informer sans restriction.

      Monsieur le député, cessez de vous référencer à Caton, Descartes, Talleyrand ou autre grand homme du passé. Nombre de Français vivent aux présent, pensent à l’avenir pour eux-mêmes et leurs enfants et ne souhaitent pas forcément participer à des discussions de salon où il est de bon ton d’étaler sa culture. Pour votre prochaine réélection, les Français ne vous jugeront pas sur votre volonté (?) à vouloir vous identifier à tel ou tel illustre grand homme mais peut-être sur votre capacité à vous interroger lorsqu’un article d’un journaliste vous déplaît.

      Soyez vous-même, vivez au XXIème siècle.

      Le bouffon du roi avait le droit de tout dire. « L’imprécateur », le « vitupérateur » ne semble pas avoir les mêmes droits aujourdh’hui. N’est-ce pas ainsi que commencent les dictatures ? On commence par « s’indigner » de tel ou tel article, on « dénonce » tel ou tel journaliste qui n’est qu’un imprécateur puis on l’enferme car il « dérange », car évidemment, la montée du Front Nationale n’est que la « faute » de ses adhérents mais surtout pas la « faute » des politiques.

      Si les Français perdent leurs illusions, si les Français se réfugient dans un parti extrémiste, c’est évidemment de leur faute, irresponsables qu’ils sont de ne pas voir l’extrémisme mais ce n’est pas de la faute, ni de la droite, ni de la gauche qui nous gouverne depuis 1958.

      Vous avez perdu un électeur pour 2017 et si vous avez un peu de temps, posez vous la question de savoir pourquoi.

      respect républicain.

  6. ARMENANTE dit :

    Monsieur LMe Député ,
    La France est un pandémonium! Là est le problème.
    La France a besoin « d’un contre-pouvoir » que nous n’arrivons pas, nous citoyens dotés de réflexions, et bon sens à créer ; c’est hélas navrant et très grave pour ce Pays. Pour ma part, il y a longtemps que j’ai pris la décision de dénoncer TOUS LES TRAVERS DE LA SOCIÉTÉ POLITIQUE, de DROITE OU DE GAUCHE … »PEUT ON ENCORE SAUVER LA France ?? » . Je crois que MEDIAPART essaie de le faire en faisant prendre conscience des dérives.
    J’ai un doute sur la politique et vous , car Il ne suffit pas de tourner la page , parfois il faut changer de livre. Une démocratie sans contrôle est soumise à la médiocrité des Hommes. Ce qui ne se contrôle pas ne progresse pas.
    La corruption et l’extrémisme sont le médicament de confort d’une société qui s’achemine vers sa propre fin.
    Comme disait Balzac : La comédie humaine c’est avant tout l’échec du politique.

  7. Claustaire dit :

    Pour ma part,j’ai suspendu mon abonnement à Médiapart, au cours de la dernière campagne des présidentielles, lorsque je me suis rendu compte que ce site était un cénacle de Mélenchoniens et que leur point de ralliement était l’hostilité au PS. On a mieux à faire, quand on se veut de gauche que de stigmatiser, souvent de façon scandaleusement agressive, les camarades (si décevants soient-ils souvent, trop souvent) sans lesquels il n’y aurait jamais d’alternative à la droite au pouvoir.

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