Archive pour la catégorie 'Clash !'

Hortefeux, un ministre sans cap

Mercredi 18 août 2010 | Publié dans Clash !

Décidément, en matière de sécurité, il ne se passe pas une demi-journée sans nouvelle mauvaise surprise. Après les révélations hier sur les 3500 suppressions de postes dans la Police dans les trois années à venir, le ministre de l’Intérieur a annoncé mardi soir la suppression de la Police de proximité pour la seconde fois, après la première suppression en 2002 par N. Sarkozy lui-même.

On apprenait que les Unités Territoriales de Quartier (UTeQ) seraient supprimées au profit des Brigades Spéciales de Terrain (BST). Reprenant les arguments totalement faux de N. Sarkozy en 2002 sur la police de proximité, B. Hortefeux a expliqué que « ces policiers ne seront pas des agents d’ambiance ou des éducateurs sociaux. Ce ne seront pas des grands frères inopérants en chemisette qui font partie du paysage. Ce seront des fonctionnaires expérimentés qui travaillent dans une tenue d’intervention adaptée à leur mission : l’intervention et la répression des crimes et des délits ».

On reste sans voix devant ces arguments d’une abyssale sottise. Comme si les policiers des UTeQ n’étaient pas des fonctionnaires expérimentés, sur le terrain, chargés de faire respecter l’ordre public.

Surtout, alors que le développement des UTeQ, annoncé à partir de 2008 par N. Sarkozy, était au cœur de la politique de ce gouvernement, on se demande pourquoi subitement elles seraient devenues le symbole d’une Police laxiste et inefficace ? Est-ce un aveu d’échec, ou tout simplement un nouveau tour de passe-passe médiatique, qui consiste, selon la méthode habituelle de N. Sarkozy et de ses amis, à multiplier les annonces pour faire croire qu’ils agissent ?

Ce matin, nouvelle surprise. Le ministre a annoncé que les UTEQ ne seraient finalement pas supprimées, mais qu’elles allaient évoluer. Je voudrais donc demander à ce gouvernement s’il sait où il va. N. Sarkozy supprime la police de proximité puis crée les UTeQ, ensuite lui les supprime pour finalement ne plus les supprimer. Tout ceci traduit une improvisation qui n’est pas compatible avec une politique de sécurité sérieuse et dans la durée.

En outre, même si Brice Hortefeux est probablement fatigué par ses multiples déplacements aussi stériles que nombreux, il faut faire attention aux termes que l’on choisit. La notion de « brigade spéciale » renvoie aux plus sombres périodes de la seconde guerre mondiale. Les « BS » étaient une unité de la police de Pétain spécialisée dans la traque aux « ennemis intérieurs » travaillant en étroite collaboration avec les polices allemandes. Elles ont laissé dans les mémoires de l’époque (y compris parmi les policiers) un souvenir horrifié, à tel point que personne ne voulait plus les rejoindre.

Agression d’Estrosi contre les maires

Dimanche 15 août 2010 | Publié dans Clash !

Dans le Journal du Dimanche, Christian Estrosi – jamais en retard d’une démagogie – accuse les maires d’etre responsables de l’insécurité en France.

Ces élus, par-delà leurs sensibilités partisanes, qui se battent au quotidien, selon leurs prérogatives et selon leurs moyens, auprès de nos concitoyens pour garantir le lien social et la tranquillité collective apprécieront d’être rendus fautifs de l’échec patent de Nicolas Sarkozy en la matière alors qu’il est aux responsabilités depuis près de dix ans…

Dans les quartiers populaires et les zones rurales en particulier – où les habitants ont subi de plein fouet les dégâts des suppressions d’effectifs de policiers et de gendarmes décidées par le gouvernement -, la mise en cause des élus locaux pour masquer l’abandon d’État est ressentie comme une provocation insupportable et inacceptable.

M. Estrosi et le gouvernement dont il est membre sont tellement aux abois, faute de résultats et de justice dans leur politique, qu’ils en sont réduits à tout dire et tout médire pour  faire oublier la montée des violences contre les personnes et des trafics, mais aussi la hausse des taxes et des tarifs durant l’été, le chômage qui continue d’augmenter et l’affaire Woerth-Bettencourt.

Les maires n’oublieront pas cette agression gouvernementale contre leur action qui s’ajoute aux attaques contre leurs ressources et leurs capacités d’investissement.

Surtout, on aimerait que Christian Estrosi, plutôt que de jouer les cowboys de mauvais westerns pour tenter de devenir ministre de l’Intérieur lors du prochain remaniement en remplacement de son ami Brice Hortefeux, se consacre à 100% à sa mission actuelle : être un ministre de l’industrie digne de ce nom.

Il en est malheureusement très loin, ainsi qu’en témoignent la baisse de la production industrielle en juin et la suppression de 17 000 emplois industriels au deuxième trimestre dans notre pays, après – 29 000 emplois industriels au premier trimestre. Plutôt que de la démagogie en matière de sécurité, on aimerait de la part de M. Estrosi de l’efficacité pour nos PME, nos emplois, nos savoir faire industriels. Autant de sujets sur lesquels son silence et son absence sonnent comme de terribles aveux d’impuissance.

3,5 % de plus pour l’EDF

Mercredi 4 août 2010 | Publié dans Clash !

On l’a appris hier. Avant de partir en congé, le gouvernement vient d’autoriser EDF a augmenter ses tarifs de 3,4 %.

Et cela 94 % des consommateurs français et s’appliquera dès le 15 août prochain. Chacun appréciera la méthode !

Dans tous les cas, c’est une mauvaise nouvelle au moment où ceux-ci vivent déjà une crise aiguë du pouvoir d’achat, et où la consommation, principal moteur de la croissance, plonge.

En sus, la justification de cette hausse au motif que l’électricité des Français est l’une des moins chères d’Europe n’est pas recevable. Cette tarification résulte d’un choix assumé par les Français, celui du nucléaire. Mais cette acceptation des risques nucléaires par les Français ne vaut que par la maîtrise de nos coûts énergétiques.

Et malgré le discours du gouvernement, rien n’indique que cette augmentation contribuera aux investissements nécessaires à la pérennité d’EDF. Au contraire, cette dernière nous a habitué à privilégier la rentabilité à court terme – au prix d’expérimentations hasardeuses, à l’exemple du fiasco de sa campagne américaine – et le bien être de ses actionnaires – pour lesquels le dividende a augmenté de 55% chaque année entre 2004 et 2008.

Provocations ou désarroi ?

Dimanche 1 août 2010 | Publié dans Clash !

Evidemment ce n’est pas un hasard. Vendredi Nicolas Sarkozy à Grenoble, samedi Brice Hortefeux sur TF1 et ce soir Eric Ciotti, député UMP dans le Journal du Dimanche.

Trois discours pour un seul message :  l’outrance et la surrenchère dans la répression. Cette stratégie vise à fuir le débat sur leur bilan en matière de sécurité. Ils le savent mauvais et veulent détourner l’attention. Alors ils provoquent. Nous ne sommes pas obligés de tomber dans le panneau.

Au contraire, inlassablement, nous devons dénoncer la dégradation de la situation comme viennent de l’illustrer les événements de St Aignan et de Grenoble. C’est ce que j’ai voulu faire dans une tribune publiée par le journal Le Monde daté du 31 juillet ou sur RTL. La droite est dans une impasse. Elle ne sait plus faire face à un présent qui lui échappe. Alors elle multiplie les coups de mentons aussi inefficaces qu’anxiogènes.

On ne peut pas bâtir l’avenir en ne maniant que la répression, la punition ou le châtiment. Ne croire qu’à la force, c’est avoir une vision myope du monde et contribuer à fabriquer une société de haine qui ne fait que  préparer les drames de demain.

Sarkozy toujours plus

Vendredi 30 juillet 2010 | Publié dans Clash !

Sarkozy encore ! Le Chef de l’Etat était à Grenoble et évidemment il y a fait des annonces.

La plupart n’ont qu’un rapport très éloigné avec les violences urbaines qui ont marqué cette ville il y a quelques jours. Mais l’essentiel pour le Président est de marquer les médias voire les citoyens pour tenter de masquer l’échec de sa politique en matière de sécurité.

Il fait ainsi un lien entre délinquance et nationalité. Ce genre de sortie était jusqu’à présent l’apanage de la droite extrême. C’est donc une surenchère. Une de plus. Non seulement c’est scandaleux mais en plus matériellement stupide. Comment va-t-on mesurer « l’origine étrangère » de quelqu’un ? Si son père n’était pas français, si son grand père ? Et si son père était français mais pas sa mère ?

Il veut revoir les droits octroyés aux étrangers. En 1993, Pasqua l’avait déjà proposé et même la majorité de droite s’y était refusée.

Il veut étendre les peines planchers ce qui serait une nouvelle attaque contre le principe essentiel de notre droit pénal : l’individualisation des peines.

De la surenchère verbale, de la répression accrue, des lois nouvelles. Du Sarkozy classique. 8 ans qu’il nous sert la même recette. 8 ans que la situation ne cesse de se dégrader.