Le portrait ou le projet ?

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Comme beaucoup de Quimpérois, j’ai écouté hier le débat organisé entre Bernard Poignant et Ludovic Jolivet. Il est d’ailleurs visible sur le site internet de Tébéo.

Une telle opportunité permet évidemment de jauger les deux postulants. Une telle confrontation – devenue classique à Quimper pour chaque élection – est un précipité, au sens chimique du terme, de la campagne que chacun conduit. Elle est révélatrice des moteurs qui animent les candidats.

Une évidence s’impose alors. L’essentiel des critiques de Ludovic Jolivet porte sur la personnalité de Bernard Poignant.

Sans doute parce qu’il se sent fragile sur l’absence de cohérence de sa liste, il privilégie les remarques sur la prétendue « absence de Quimper« , sur le fait que Bernard Poignant serait plus « conseiller du Président » que « Maire de Quimper« . Comme si l’on pouvait être maire seulement aux heures de bureaux ! Comme si on n’était pas maire à 100 % de son temps ! Même le 25 décembre, même au cœur de l’été, on est maire tout le temps, quel que soit l’endroit où on se trouve !

J’ai toujours considéré cette lancinante critique comme navrante. Elle me rappelle celle que mon compétiteur me reprochait. A l’écouter « on ne me voyait jamais« , je n’étais pas « un député de terrain« …

La tête de liste UMP ne nourrit d’ailleurs aucune argumentation sur les conséquences de son supposé reproche. Y a-t-il un dossier local qui aurait souffert du fait que le maire de Quimper puisse travailler à Paris pendant un jour et demi ? Tous les maires de Quimper depuis 1977 et Marc Bécam (qui lui fut même ministre !) n’ont-ils pas eu les mêmes contraintes ? Alain Gérard fut maire, député et sénateur, Marcelle Ramonet fut elle aussi parlementaire alors qu’elle était 1ere adjointe. Ce qui était judicieux pour eux, devient intolérable pour Bernard Poignant ?

Il est vrai qu’il est plus confortable de s’attaquer à un homme que de se battre sur les malfaçons d’un projet hâtivement bâclé. Cela reste pour moi une drôle de conception du débat public.

J’en profite pour rappeler à Ludovic Jolivet que contrairement à son propos, le Conseil Régional de Bretagne a non seulement débattu de la ratification de la Charte des Langues Régionales mais il a bien voté un vœu. C’était le 8 février 2014, il n’y a que quelques mois… Et qu’il a déjà eu l’occasion publiquement (c’était le 22 juillet 2013) d’estimer que cette charte était pour lui « avant tout une litanie de mesures, impossibles à appliquer« .

Quant à la sincérité des déclarations enflammées adressées aujourd’hui à la langue bretonne, elle se mesure à l’aune de ses déclarations où il l’accusait hier de ne pas être adaptée à tous les aspects du monde moderne. Il affirmait en effet :   »Comment dispenser un ensemble de cours techniques dans une filière en breton ? Comment traduire en breton, par exemple, la règle des courants de Foucault ? « 

Le débat fut donc une occasion partiellement manquée de parler des conséquences d’une victoire de la droite.

Les Quimpérois veulent-ils vraiment que des milliers de voitures reviennent sur la place Laennec et remontent la rue Elie Fréron ? Souhaitent-ils que la ville rembourse toutes les subventions reçues pour financer des projets votés et engagés ? Sont-ils prêts à payer plus de 30 millions d’euros pour construire (on ne sait d’ailleurs pas où) 1 100 places de parking, sachant qu’il n’existe aucune subvention publique pour ce genre de travaux ?…

Voilà l’échange que j’attendais. Une confrontation de projets, pas une chasse à l’homme.

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