Dubitatif et combatif

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Comme d’autres, il y a quelques heures, je jugeais cette élection « illisible« .

En faisant campagne, je constatais le peu d’engouement des Quimpérois, une « indifférence polie » répétais-je à ceux qui m’interrogeaient sur « ce que je sentais« . Mais en même temps, dans les conversations, je notais que les questions ne portaient que sur les enjeux locaux et jamais sur l’action gouvernementale. Ce que d’ailleurs confirmaient les sondages où 80 % des motivations de vote relevaient du local.

Mais en parallèle, les mêmes enquêtes d’opinion depuis des mois ne cessaient de souligner l’impopularité de l’exécutif et le peu d’approbation que recueillait – pour le moment – notre action gouvernementale. Et elles annonçaient dans les sondages sur les rapports de force un affaissement significatif de la gauche et du PS en particulier…. Affaissement qui ne se lisait pas dans les enquêtes particulières réalisées dans les différentes villes. Les maires socialistes sortants résistant solidement et certains challengers pouvaient même espérer gagner.

Bref, une incapacité à prévoir.

Le vote ayant eu lieu, toutes ces brumes sont dissipées, le paysage apparaît mais ma vue n’est pas encore totalement nette.

Ainsi, par exemple, à Quimper, si le score de la liste que conduisait Bernard Poignant connaît les vicissitudes « normales » d’une candidature socialiste dans ce scrutin, comment interpréter la stagnation de la liste UMP (+ 0, 2 % en six ans) à rebours des fortes progressions que l’on constate dans le pays ? Est-ce un désaveu pour la tête de liste qui n’a pas su rassembler son camp, certains membres de l’UMP préférant participer à la liste d’Isabelle Le Bal ? Est-ce un attentisme qui va se dégeler dimanche prochain ? Est-ce un doute sur la capacité de Ludovic Jolivet à assumer les responsabilités de maire ?

De même, il ne faut pas barguigner sur le succès d’Isabelle Le Bal. Elle est la seule à vraiment progresser depuis 2008 parmi les candidats déjà en présence, mais si ce n’est pas un triomphe : + 3,3 %. Elle tient dans ses mains la clé principale du 2nd tour. Mais quel sens donner à son résultat au regard de la composition bigarrée de la liste ? Des anciens élus UMP et des anciens adhérents socialistes ont rejoint des centristes de strict obédience, dès lors les Quimpérois ont-ils validé ce rassemblement afin de l’inciter à perdurer au 2nd tour ou se sont-ils réfugiés dans ce vote par dépit vis à vis du PS et de l’UMP ? Est-ce un vote d’encouragement ou juste un avertissement au maire ?

Vient ensuite la seule surprise du vote FN : 8,42 %.  Pas loin des 9,4 % de Jean Marie Le Pen au 1er tour de 2002, des 9,1 % du 2nd tour de 2002, des 9,2 % de Marine Le Pen en 2012. Mais bien mieux que les 6,8 % obtenu par son candidat aux législatives de 2012.

En chiffres absolus, ce sont 2 086 Quimpérois qui ont mis un bulletin de l’extrême droite dans l’urne. Quimper n’est pas une île aussi est-ce sans doute pour l’essentiel un vote aux motivations nationales, une volonté de marquer une déception à l’action de notre gouvernement, une envie de sanction des socialistes. Mais alors pourquoi ce débouché ? Pourquoi ne pas avoir choisi le bulletin de la liste « Osons la démocratie » qui se situait à l’extrême gauche ? Qu’elle est la part de ces électeurs qui avaient choisi François Hollande et ma propre candidature en 2012 ? Ceux-là veulent-ils une municipalité UMP pour bâtir l’avenir de Quimper ? Pour construire des politiques sociales de protection ?

Restent les listes écologistes et de la « gauche bretonne ». Je les rapproche car elles me paraissent deux branches d’un même arbre politique. Depuis toujours, aux élections municipales, une partie significative de la gauche ne veut pas voter pour le PS au 1er tour. Cela ne l’empêche pas le moment venu de travailler avec lui. En effet, Daniel Le Bigot est l’adjoint de Bernard Poignant depuis 2008 mais Naig Le Gars appartient à la majorité régionale qu’anime le socialiste Pierrick Massiot. Le total de leurs deux listes n’est pas éloigné du score de la liste que conduisait Daniel Le Bigot (13,66 % contre 16,8 % en 2008).  Peu importe alors la répartition interne et la dimension personnelle qui peut l’expliquer. Il ne reste que l’interrogation du dimanche : la gauche avec Poignant ou la droite avec Jolivet ?

Tout n’est donc pas encore figé. Cela ne le sera de toute façon pas avant dimanche prochain 18 h. D’ici, plus que jamais, l’action politique sera celle du mouvement. Le travail de conviction et d’explication vient de recommencer.

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3 réponses à Dubitatif et combatif

  1. Socio dit :

    Monsieur le Député, les Quimpérois, comme les Français vous ont écouté. A force de critiquer l’UMP et faire de l’antisarkosisme ils ont voté FN. Vous y verrez plus clair dimanche prochain et vous pourrez à nouveau critiquer l’UMP qui n’ aura pas appliqué le pacte républicain.

  2. JMH dit :

    Monsieur le Député, vous évoquez la liste « Osons la Démocratie » comme étant une liste d’extrème-gauche. Certes, il y a des gens que la presse définit comme cela dans celle-ci mais ils ne sont ni racistes, ni homophobes, ni nationalistes stupides, et c’est pour cela qu’ils sont respectables. Il y a a aussi, dans celle-ci, des gens qui ont cru à la proposition 50 de François Hollande quant au vote des étrangers pour les élections locales et qui ont voté pour vous. Ils sont à la gauche de votre gauche mais ce ne sont pas des parias. Sur un quartier « sensible » de Quimper, le Front National atteint des scores inquiétants.No pasaran et respects républicains, Monsieur le Député.

  3. Jérôme Abbassene dit :

    Jean-Jacques,

    Je pense qu’un substrat analytique t’échappe.

    Nous avons naturellement répondu à la proposition de rencontre de Bernard Poignant lundi.

    Vers 14:30, mandaté par le collectif Gauche bretonne, nous nous y sommes rendus avec la volonté de croiser enfin les projets.
    D’autant qu’il nous avait paru bien plus démocratique de le faire lors de la campagne, mais là, le PS local a toujours voulu esquiver (une proposition de rencontre en ce sens avait été transmise de longue date à Mathieu Stervinou, laissée lettre morte).

    Et là c’est le choc démocratique: vacuité totale sur le projet de territoire, on nous ramène au niveau III de la Charte et l’adjoint à la langue.
    Il y a juste maldonne, une vaste farce.

    Nous voulions parler de deux veines cardinales pour nous: réforme des pratiques démocratiques et amendement du budget 2014 comprenant la stabilisation de la fiscalité et la réorientation de l’argent destiné aux grands projets de prestige.

    Non seulement nous ferions une erreur de débutant que de nous solidariser avec le bilan et les méthodes des sortants, pis encore nous piétinerions la confiance des électeurs en les prenant pour des benêts sans cerveau à qui il faudrait dire pour qui voter.

    Ce n’est pas notre façon de faire de la politique, chacun est libre dans ses choix. Très clairement nous ne soutenons absolument pas cet attelage prévisible. Personne ne pourra s’arroger le droit de dire « la gauche a perdu dimanche ». Ce sera une certaines gauche, celle des sortants qui doivent assumer leur œuvre depuis 2008, mais aussi les résonnances nationales dans une mesure moindre.

    Enfin, tu fais une grave erreur de méthode en pensant que sur un scrutin de liste, seule la tête de liste est leader maximo omnisciente et omnipotente. Que Naïg soit élue régionale ou pas.

    Non Jean-Jacques, encore une fois, notre culture politique n’est en rien celle que tu nous prêtes. Vivre Kemper issue du collectif Gauche bretonne était composée de 49 candidats tous à pied d’égalité.

    Enfin dire que nous sommes d’un même arbre politique avec Daniel Le Bigot, est juste ambivalent: nous contestons ses pratiques peu démocratiques, et la méthode utilisée depuis 2008 où le registre de la peur et de l’urgence font maxime d’action politique. Et encore, je tais les projets travaillé avec amateurisme, voire souvent remis entre les mains de cabinets extérieurs privatisant d’autant la décision politique.

    Bref, évitons ici une expression dilatoire.

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