Retour à Quimper

Publié dans Lois suivies | 7 commentaires

Pardon de mon absence à tous ceux qui me font l’honneur de me lire mais évidemment la discussion du projet de loi ouvrant « le mariage aux couples de même sexe » m’a interdit de nourrir ce blog.

Beaucoup a déjà été écrit sur ces 11 jours de débats quasiment ininterrompus. Et chacun en sait l’essentiel. Pour ceux qui ne seraient pas sevrés, je conseille donc le site du Nouvel Obs qui m’a fait le plaisir de m’interroger sur les « à côtés« .

Pour le reste, qu’en retenir qui ne soit déjà écrit ?

D’abord la mobilisation du groupe socialiste qui a été constante. 50 à 60 députés, souvent élus en juin dernier, furent présents tout au long des débats. Entre eux est née une vraie camaraderie, une vraie fraternité construite dans la patience et l’endurance d’avoir à subir les mêmes « arguments » répétés ad nauséam par quelques fantassins de l’UMP. Hélène Bekmezian du Monde a raison quand elle parle d’un « week-end d’intégration« . Ceux qui avaient choisi de ne pas sacrifier leurs engagements dans les circonscriptions ont loupé un moment inoubliable de la législature.

Ensuite, l’unité de la gauche. Alain Tourret pour le groupe Radical, Sergio Coronado et  Valérie Massonneau pour EELV (que renforcèrent parfois François de Rugy, Barbara Pompili ou Paul Molac et Eric Alauzet), Marie George Buffet et Marc Dolez pour le groupe Front de gauche furent présents chaque jour. Si chacun a pu exprimer des différences d’appréciation, jamais la majorité de gauche de l’Assemblée ne manqua au soutien du projet. La seule voix réellement discordante fut celle d’un député de la Martinique.

La cohérence de Dominique Bertinotti. La flamboyance de Christiane Taubira a attiré le feu des médias au détriment de l’apport essentiel de la ministre des familles. C’est injuste. Chacune de ses interventions démontra sa parfaite maîtrise du texte et sa grande lucidité des multiples conséquences des changements que nous engageons. Sans expérience parlementaire, elle a su trouver rapidement le ton qui convenait et la précision de ses réponses désarçonna bien des critiques lancées à l’emporte pièce.

Le rôle essentiel des collaborateurs. Les conseillers des ministres ou des groupes comme les assistants parlementaires des députés furent les chevilles ouvrières discrètes de ces 110 heures. Présents aussi longtemps que leurs employeurs, plongés dans leurs dossiers pour dénicher les arguments décisifs ou pour parer les attaques menées, analysant à flux tendu les échanges, ils n’ont pas ménagé leur disponibilité et leur engagement.

L’impeccable machine législative. L’organisation de l’Assemblée a montré son professionnalisme. Le Palais Bourbon a fonctionné nuits et jours sans aucune difficilté. Les fonctionnaires des commissions concernées comme ceux des services de la séance ont tout fait pour que l’hémicycle puisse assumer sa fonction sans se préoccuper de l’intendance. Ce fut vraisemblablement un travail de titans dont tous s’acquittèrent avec conscience. On comprendra qu’ici je remercie tous ceux, qui au sein de la Commission des Lois furent exemplaires.

Le soutien quotidien du public. Par twitter ou dans l’hémicycle dans les loges dédiées à cet effet, nos débats furent suivis par des milliers de citoyens. Je devine que pour la majorité, ce fut une découverte du fonctionnement du parlement. Je ne suis pas certains que tous soient devenus des défenseurs de ses droits… Mais leur présence, leurs questions, leurs réactions représentèrent pour nous aussi une innovation très stimulante.

Enfin la formidable aventure humaine que représenta ce débat. Ce fut évidemment pour moi l’occasion de rencontres : Erwann Binet bien sûr, mais aussi de Corinne Narassiguin, infatigable coordonnatrice des députés socialistes, d’autres jeunes députés comme Yann Galut, de Sébastien Piétrasanta, maire d’Asnières ou Pascal Popelin premier adjoint à Livry-Gargan dont la présence permanente m’a fait douter de mes critiques habituelles contre le cumul des mandats, d’Alexis Bachelay, de Thomas Thevenoud de Matthias Fekl  ou de Chaynesse Khirouni, dont l’énergie ne fut jamais prise en défaut… Et bien sûr, ce fut la joie de partager un nouveau combat avec deux piliers de la Commission des Lois Jean-Yves Le Bouillonnec dont la passion appuyée sur une connaissance absolue du code civil fut un atout constant et enfin Bernard Roman militant infatigable de l’égalité.

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7 réponses à Retour à Quimper

  1. Florian dit :

    Bravo à tous.

  2. prophete 13 dit :

    Beau combat parlementaire qui a mis en évidence la ligne de fracture entre une gauche progressiste et une droite figée sur ses positions réactionnaires.
    J’ai particulièrement apprécié la pugnacité de Mme TAUBIRA et votre calme ainsi que les argumentaires de vos réponses.

  3. SIMON dit :

    GRAND MERCI. Une étape avant d’autres aventures et peut-être le vote des étrangers ??

  4. unobls dit :

    Très beau combat pour une loi magnifique qui restera dans l ‘histoire
    Nous avons envoié des courriers de soutien aux ministères je ne sais si ils sont arrivés en nombre cordialement

  5. Yasmine dit :

    Un grand merci accompagné de beaucoup d’admiration pour tous les parlementaires impliqués dans les débats. On est nombreux à avoir suivi en ligne les débats, et quelques fois il était utile de pouvoir couper le son parce que les arguments opposants étaient difficiles à supporter.

    J’ai eu l’honneur d’être dans le public à l’assemblée lors de la dernière nuit grâce à Yann Galut et c’était remplie d’émotion et de fierté que je l’ai suivi jusqu’au bout avec quelques courageux (et un peu de frustration aussi de devoir avaler ses réactions).

    En tous cas, vous nous rendez fiers!

  6. Jean-Marc dit :

    Effectivement 11 jours exceptionnels malgré les prises de parole redondantes…
    Une magnifique équipe unie dans un même élan d’égalité des droits des uns, sans altérer ceux des autres.
    Sans oublier le Président Claude Bartolone qui a diriger les débats avec rigueur et sourire.

  7. Gribouille dit :

    Il est vrai que l’on aura pu découvrir Madame Bertinotti et évidemment Madame Taubira, mais aussi de belles prises de parole de Mme Buffet et de M. Tourret.
    Ce débat aura surtout rappelé à quel point la France n’est pas laïque en fait. Combien elle est encore assujettie à l’Eglise jusques, en effet, dans son code civil. Assujettie même aux « Eglises », dont la voix officielle couvre les voix dissidentes en leurs seins, sans que ces dernières soient prises en considération. Et pourtant, combien aimerions-nous les entendre aussi très largement diffusées, puisque la laïcité a tant de mal à s’exprimer. Parce qu’en attendant, on a plutôt envie de crier « 23, v’la les curés » !!!!! Et sans doute à tout ceux qui hurlent à la cathophobie conviendrait-il de rappeler que c’est l’Eglise catholique qui a porté le fer, mobilisé en masse et organisé la lutte contre le projet de loi et donc, ce faisant, s’est exposée à la réplique. Car « qui vit par le glaive, périra par le glaive » (Matthieu 26-52).

    Ce vote aura été une belle victoire. Mais il reste encore largement à la concrétiser et nous en sommes très loin.
    En effet, une chose n’est jamais dite ouvertement, mais nombreuses sont les personnes, hétérosexuelles comme homosexuelles, de gauche ou de sensibilité de gauche, qui sont intimement convaincues que M. Hollande, comme M. Ayrault sont opposés à cette loi. Fondamentalement opposés. Les successions d’impairs, d’atermoiements et de reculades à cet égard ont tendance à nous conforter dans cette opinion d’ailleurs.

    Il faut bien comprendre qu’aujourd’hui pas mal de gens sont même enclins à penser que cette loi pourrait ne jamais s’appliquer. Laissons du temps au temps, en effet, et surtout du temps, comme cela a été largement fait jusqu’ici, aux opposants à cette loi, de manifester leur rejet sur tous les tons, sur tous les modes, avec personne en face pour les renvoyer dans leurs cordes. C’est à peine, en effet, si à des heures de grande écoute radiophoniques ou télévisuelles, on a pu, parfois, entendre une voix en faveur de ce mariage ouvert aux personnes de même sexe.

    Ceci est aussi le bilan que l’on peut retirer de ces derniers mois, sur ce seul projet. Et c’est d’autant plus difficile quand on est l’objet de tant d’attention évidemment. Surtout d’autant d’attention violente. Car tout ce que l’on a pu entendre, mais aussi lire, était d’une violence inouïe.

    J’ai également pu entendre votre réflexion lors d’une suspension de séance à micros ouverts par inadvertance. Et nous sommes très nombreuses/nombreux à avoir le même problème que celui que vous avez alors évoqué.

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