La violence de ses mots

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Je viens d’entendre le Président de la République dans un discours à Metz reprendre ce refrain de la « prise en otage » des passagers par les grévistes de la sureté aéroportuaire il y a quelques jours.

Les mots doivent avoir un sens. Et l’usage de ce terme est clairement abusif. Il est même infamant au regard des sept français qui sont aujourd’hui capturés et retenus au Mali (Philippe Verdon et Serge Lazarevic), au Sahel (Daniel Larive, Thierry Dol, Pierre Legrand, Marc Ferret) et en Somalie (Denis Allex).

Lors de la grève dans deux ou trois aéroports, ceux qui avaient des vols réservés ont-ils été contraints d’annuler leur voyage ? Non, tout au plus, leur déplacement fut-il décalé. Pour être un usager régulier de ce mode de transport, je sais combien c’est désagréable mais est-ce comparable avec le fait d’être totalement privé de liberté ?

Pourquoi le chef de l’Etat n’a-t-il pas eu un seul mot pour ceux qui se battaient pour leurs conditions de travail ? Sait-il le salaire d’un de ces agents de sécurité ? Environ 1 100 euros. Sait-il la précarité qui est leur quotidien ? Je me souviens d’une conversation avec l’un d’entre eux quand j’ai visité avec la gendarmerie du transport aérien la plate-forme d’Orly. Cette salariée en était à son 5ème employeur en quelques années sans jamais quitter le même poste. Elle était juste – comme tous ses collègues – comprise dans l’appel d’offre qu’Aéroport de Paris lançait régulièrement.

A mes yeux, ce sont les grandes compagnies aéroportuaires, comme les compagnies aériennes, qui usent et abusent d’une main d’œuvre peu payée en utilisant des entreprises privées de sûreté qu’elles mettent en concurrence entre elles qui portent l’entière responsabilité de ce conflit avec toutes ses conséquences.

Finalement, Sarkozy dès ce premier de l’an aura réussi à m’agacer. Une fois de plus.

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5 réponses à La violence de ses mots

  1. nico dit :

    Que çà te rassure,tu n’es pas le seul à être énervé!vivement le mois de mai,mais avant on a du travail à faire pour convaincre les gens,il faut qu’on soit les meilleurs.

  2. breizoreil dit :

    Monsieur le Député du Finistère,

    Vous avez établi un parallèle intéressant entre le discours du Président et les otages kidnappés. Les mots sont importants et il faut savoir les manier selon leur définition donnée dans le dictionnaire.

    Le mot « otage » utilisé dans le cadre d’une grève est un terme utilisé par les journalistes et repris par certains hommes politiques ignares et incultes. J’avais déjà remarqué cette connivence de mots ou de termes utilisés par les journalistes et repris par les politiques. C’est un effet de mode, repris ensuite par tous. « Au jour d’Aujourd’hui » est sûrement l’expression la plus affligeante que je n’aie entendue.

    Mais là, n’est pas mon propos, je suis un proche ami de l’un des otages nommés par vous.

    Serge Lazarevic, il s’agit d’un otage, d’un vrai otage, qui a perdu toute liberté et cela depuis plus d’un mois et non pour quelques heures comme pour les soi-disant « otages » des grèves.

    Vous avez donc eu parfaitement raison de signaler cette absurdité et tout le reste.

    Blavez Mad 2012 Breizoreil de La Réunion

  3. Steph dit :

    Otages d’un système qui maintient les inégalités au profit du profit, otages de groupes d’influences qui se servent (avant ou au lieu de) servir, otages… d’otages eux-mêmes ! Otages d’alibis de toutes sortes pour que rien ne change… et j’en passe. « Du vieux français hostage (« logement ») provenant du latin hospes lui même dérivant de hostis (« étranger, ennemi »). Le mot vient donc de l’endroit ou les personnes étaient généralement retenues : dans le logement de leur ennemi (Wikipedia) ». Alors aux urnes citoyens !

  4. kersalé dit :

    Salut JJ et bonne année,
    Bienvenu dans le monde du travail et de la précarité organisée…
    Cà fait un moment que celà dure,les exemples sont nombreux?
    Que fait-on pour eux?
    Ils ont détricoté le code du travail,allons-nous le retricoter?
    On parle beaucoup de l’entreprise,beaucoup de l’entrepreneur.Pas vraiment du travailleur,et l’attente est là??
    Merci quand même de t’en préoccuper.Mais il va falloir développer…

  5. un finistérien dit :

    Des entreprises privées de sûreté d’ailleurs pas très sûres… voir le reportage d’Envoyé spécial dans lequel les journalistes embarquent sans problème un pistolet dans l’avion !

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