De la compassion à la compensation

Publié dans Articles | 8 commentaires

Hier soir à Chapeau rouge, les socialistes de Quimper parlaient « handicap ».

L’initiative est originale et heureuse. Elle est née par la volonté d’un groupe de militants qui, après le dernier congrès, ont manifesté le souhait de travailler sur différents thèmes : les discriminations, la santé, l’europe ou encore « les personnes en situation de handicap ».

La soirée de ce vendredi était une étape dans leur réflexion et à l’évidence, ils ont trouvé un intérêt dans la cité puisque 80 personnes environ avaient répondu à leur invitation. Ainsi pendant deux heures, avec l’appui de Charlotte Brun, talentueuse secrétaire nationale du PS qui suit ce domaine, le débat s’est structuré autour d’un thème fédérateur « Sortir de la compassion pour tendre vers la compensation ».

Dans la multitude des sujets évoqués, l’idée de la « ville lente » m’a particulièrement intéressé. Cet été déjà, j’avais été frappé par le plaidoyer développé dans Libération par l’adjointe au maire de Paris sur ce thème. C’est une manière totalement nouvelle de concevoir l’aménagement urbain dans l’intérêt de tous. Par exemple, toute adaptation de la voirie permettant une meilleure accessibilité aux personnes en situation de handicap est aussi bénéfique aux personnes âgées, aux parents de jeunes enfants et aux enfants eux-mêmes.

Cette entrée a été publiée dans Articles. Vous pouvez la mettre en favoris avec ce permalien.

8 réponses à De la compassion à la compensation

  1. Michel dit :

    Cette réunion, bien qu’intéressante m’a un peu laissé sur ma faim concernant la politique que mènerait le PS pour les handicapés, au cas ou ce parti retrouve le pouvoir.
    Je suis intervenu pour parler du manque de professionnels et d’établissements. Vers la fin de la réunion, une personne est aussi intervenue pour dire qu’elle revenait de l’inauguration d’un établissement. Bien sur, c’est bien, mais j’ai lu dans le journal de samedi que cet établissement était plus un transfert de quelque chose qui existait déjà. Seules, 5 places sont réellement crées.
    Même si le Finistère est bien placé dans ce domaine (d’après ce qui a été dit vendredi soir), il serait bien de veiller à ne pas trop faire d’effets d’annonce surtout dans la période électorale qui arrive.
    N’oublions pas que nous sommes dans un sujet sensible, douloureux pour les handicapés et pour leurs familles. Ne décevez pas, ne prenez pas les handicapés et leurs familles pour ce qu’ils ne sont pas.
    J’aurai aussi aimé intervenir sur autre chose à la fin de cette réunion, hélas, faute de temps, ce ne fut pas possible.
    Ma fille, autiste vient de quitter le monde de l’ »enfance » pour intégrer celui des « adultes ». Ceci, depuis queles mois. Or, qu’avons nous constaté? Une forte augmentation de son dosage de médicaments. Je voudrais simplement dire qu’il existe surement d’autres pistes que celles de la médication à outrance pour les handicapés. Ces personnes ne doivent pas être des « clients pratiques » pour les industries pharmaceutiques.
    Il y a un travail à faire sur ce sujet auprès des psychiatres et des professionnels en général. Et ce travail là, ne coute pas cher.

    Je remercie les organisateurs de cette réunion

  2. JM dit :

    « Merci pour les remerciements » précédents.

    Comme j’ai pu l’évoquer dans mon propos introductif lors de cette conférence, il n’était pas possible de tout aborder lors d’une seule réunion tant la problématique du handicap est transversale, et tant le retard est massif dans sa prise en charge sur un plan politique.

    Si dans la présentation de nos travaux, n’était pas évoqué le manque de structures, ce n’est pas par ailleurs car nous n’y avions pas pensé. D’autant que j’ai conclu sur la note d’espoir de la possibilité qui devrait être offerte à chaque personne en situation de handicap en institution de pouvoir bénéficier d’une prise en charge individualisée au mieux, adaptée, c’est un minimum. Pour se faire, de nouvelles méthodes de prise en charge voient le jour, et qui, avant tout, tournent autour du bien-être de la personne.

    Sans défendre de façon acharnée le Conseil Général du Finistère, je suis sur que vous n’êtes pas sans savoir qu’entre la réforme territoriale, le transfert de compétences sans transferts de revenus, le non remplacement d’un fonctionnaire sur deux, le mépris de ce gouvernement pour l’accompagnement de celles et ceux qui en ont le plus besoin est total. Ce qui par ailleurs, ne prive pas les collectivités de s’interroger pour prioriser autrement, très certainement.

    Reprenez les applications concrètes de la loi du 11 février 2005, vous n’y trouverez rien. Alors, que les positions que nous avons présentées ont été validées par Charlotte Brun, vous l’avez entendu. Et, je pense que vous aurez également noté aussi bien que sa détermination comme la mienne sur le sujet étaient pleines et entières et s’inscrivent dans un engagement politique qui est le notre, particulièrement mis à mal aujourd’hui par un gouvernement qui vous laisse précisément au bord du chemin. C’est pour ma part un combat que je porte depuis trop d’années pour juste faire de l’affichage.

    Le problème est tel qu’il sera impossible de répondre à toutes les situations particulières dans l’immédiateté, et l’objectif impérieux des mesures concrètes que nous avons proposées lors de la conférence doivent permette un mieux-être général pour les personnes concernées.

    Pour conclure, je vous rappelle que la conférence servait aussi à appuyer sur ce que nous avions insuffisamment travaillé, car cette réunion est une étape, et je ne manquerai pas, en tant qu’animateur de ce groupe à insister d’avantage sur ce dramatique problème de manque de structures, de liste d’attentes, de parents qui pour certains d’entre eux s’arrêtent de travailler…En vous remerciant de cette contribution, et restant à votre disposition.

    Jean-Marc Tanguy.

  3. Michel dit :

    Monsieur TANGUY
    Mes commentaires vont plus vers le PS en tant que parti gouvernemental que vers vous et votre équipe qui avez mis en place cette réunion.
    Je sais très bien qu’on ne peut pas tout prévoir, et je ne vous en tiens pas vigueur.
    Par contre, ce qui m’a fait réagir, c’est ce que j’ai lu dans la presse de samedi au sujet de cette inauguration. C’est là que je vois un problème, car cet établissement n’est pas réellement nouveau puisqu’il s’agit essentiellement de transferts de place. Or, il me semble qu’il a été présenté comme un nouvel établissement lors de la réunion de vendredi. C’est là que je dis qu’il faut faire attention.
    Certes le gouvernement actuel est nul, mais le manque de place, de professionnels, d’établissements ne datent pas d’hier…

  4. Quillien Jean-François dit :

    Bonjour,

    j’étais moi aussi présent vendredi. Je comprends que quand on organise une réunion de ce type, il faut faire des choix, et on ne peut pas tout dire, ni tout faire. Personnellement j’aurais bien aimé en savoir un peu plus sur le programme du PS, et sur sa manière d’aborder le handicap. Grâce aux organisateurs, nous avions la chance d’avoir une responsable nationale.

    J’ai découvert l’agenda 22 que je ne connaissais pas, et qui semble inspirer Mme Brun. Je vais regarder cela de plus près.

    Au-delà des questions d’insuffisance de moyens, je n’ai pas entendu de remise en cause de la loi de février 2005 pourtant votée par la droite. Je me suis demandé pourquoi. Cette loi favorise les réponses personnalisées – qui peut être contre ? – mais elle ne traite guère du collectif, du vivre ensemble. « Personnalisé » ne doit pas rimer avec « individualisme ». Comment concilier la tendance à l’individuation de notre société et retrouver les valeurs du collectif ? C’est une question qui dépasse le cadre du handicap et sur laquelle je n’ai pas entendu de réponses concrètes.

    Mme Brun nous a dit que l’Education Nationale était la seule administration à avoir été exemptée des pénalités pour non atteinte des quotas de recrutement de personnes handicapées, mais elle n’en a pas tiré les conséquences. Je me suis interrogé sur les raisons de cette décision. Je me demande si l’Education Nationale, par son fonctionnement élitiste, n’est pas la première responsable de l’image dévalorisante, compassionnelle, que la société peut avoir des personnes handicapées. J’aurais préféré qu’elle recrute davantage de profs en situation de handicaps, qu’elle donne l’exemple par des actes.

    Mme Brun a invité, non sans malice, les partis politiques à faire un peu de place aux personnes handicapées…

    Enfin quand on évoque le handicap, on évoque très vite les questions de scolarisation et d’emploi. A juste tire, car ce sont deux dimensions importantes pour tout individu. Mais il y en d’autres qui me semblent tout aussi importants, mais dont on parle moins. Il s’agit de la vie affective et de la vie sociale. La compensation est nécessaire pour vivre mieux, mais elle n’est souvent pas suffisante pour vivre bien.

    Merci également aux organisateurs.

  5. JM dit :

    Michel,

    Je ne peux répondre à la place de la personne qui vous a répondu ce soir là, je ne vous contredis donc pas. Simplement, je réitère mes propos quant à la réforme territoriale, aux coupes budgétaires sur des collectivités dont la mission principale est pourtant l’action sociale, ce qui s’inscrit évidemment dans une logique gouvernementale de casse sociale.

    M. Quillien,

    Je pense que nous avons clairement exprimé que nous affirmons que le handicap doit s’aborder sur la question de la compensation et non de la compassion, comme le reprend Jean-Jacques Urvoas en titre de son post. Voilà, pour la façon de voir. Ensuite, sur les propositions concrètes, nous les avons affichées tout au long de l’intervention de Charlotte Brun, et je peux par ailleurs vous faire suivre toutes les autres, qui sont, je me répète aussi nombreuses que concrètes.

    Par ailleurs, nous avons évoqué en préambule toute l’inefficacité de la loi du 11 Février 2005 et son cruel manque d’ambition… C’est bien tout le problème, et c’est bien pour cette raison que nous travaillons sur ce projet. L’inefficience de cette loi était même le fil conducteur de la conférence. Je pensais que c’était clair. Après, si nous ne l’avons pas assez rappelé, je l’affirme donc ici.

    Au-delà de l’éducation nationale, et c’est très juste, c’est en fait nombre de collectivités et d’institutions qui doivent s’interroger sur l’embauche de personnel en situation de handicap. Même si vous aurez noté que nous nous inscrivons dans une logique d’incitation à l’embauche, et non de sanctions en cas de non embauches. Une bonne idée imposée « de force » en devient une mauvaise…
    Par ailleurs, je pense que l’image compassionnelle du handicap est due tout d’abord au psychisme de chacun, à « l’effet miroir », la méconnaissance, avec de surcroît des médias qui jouent la carte de la « pitié » et de la caricature à fond. Pour ce qui est de l’éducation nationale, je vous rappel que nous proposions vendredi des « cous d’éducation à la citoyenneté », afin d’évoquer le handicap, mais aussi la couleur de peau, les origines etc.. auprès d’enfants dénués de préjugée et donc futurs citoyens. Ainsi, il semble qu’à nouveau, nos propositions rejoignent vos préoccupations.

    Vous me surprenez aussi à l’évocation de la vie affective. Quand nous évoquons la question des aidants sexuels, nous soulevons la question de la vie affective au sens large, et nous avons sans doute l’intention par ailleurs d’organiser une conférence sur ce thème précis, bien trop tabou en effet.

    Enfin, autant, on peut évidemment être en désaccord avec nous, autant dans ce que vous dites, je retrouve beaucoup d’arguments que nous avons présentés, avec des mots différents peut-être, mais un sens commun. Je me tiens à votre disposition pour vous faire suivre le fruit de nos travaux. Je constate en tout cas avec plaisir que le débat se prolonge, c’était aussi l’objectif.

    Cordialement,
    Jean-Marc Tanguy.

  6. Quillien Jean-François dit :

    Mon billet n’avait pas pour but de porter un jugement sur la totalité du contenu de cette soirée. Je l’ai dit d’entrée. Il s’agissait simplement de faire part de quelques unes des réflexions qu’avaient suscité chez moi cette soirée. Je n’ai cherché à approuver ni désapprouver qui que ce soit.

    Sur la loi de février 2005, il a effectivement été dénoncé le manque d’efficacité de cette loi, en particulier en raison du manque de moyens (exemple les AVS). Je m’interrogeais simplement sur les valeurs portées par cette loi votées par la droite.

    A suivre donc…

  7. Eddy dit :

    A propos de handicap ….

    Comment se fait-il que j’attends depuis 7 ans un logement ?

  8. JM dit :

    Le commentaire précédent, quelque peu navrant, s’inscrit dans l’exact contraire de l’objectif de la conférence, le « moi, je… », Quant on parle de changer le quotidien de millions de nos concitoyens discriminés…

    Pour ce qui est du logement et du handicap au niveau local (il ne faut pas tout mélanger), il faut sans doute commencer par solliciter un RDV avec l’élu local en charge de la question, qui peut essayer d’agir sur l’aspect compensation de la question si effectivement celle-ci est liée directement à une situation de handicap…

Laisser un commentaire

Votre adresse de messagerie ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

*

Vous pouvez utiliser ces balises et attributs HTML : <a href="" title=""> <abbr title=""> <acronym title=""> <b> <blockquote cite=""> <cite> <code> <del datetime=""> <em> <i> <q cite=""> <strike> <strong>