Elections dans la police

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Aujourd’hui débutent les élections professionnelles au sein de la police. On ne le sait peut être pas mais il s’agit d’un bastion syndical puisque l’on estime à 80 % le taux de syndicalisation de ces 120 000 fonctionnaires dont 100 000 gardiens de la paix et CRS.

J’ai suivi avec intérêt la campagne. Elle fut extrêmement active et très dure. Il ne me semble pas que l’on trouve une telle violence dans les arguments échangés entre organisations syndicales. Sans doute est-ce dû à l’enjeu.

En effet, demain, si une organisation syndicale dépasse les 50 % des suffrages exprimés, elle décidera de l’issue des négociations et pourra empêcher toute signature d’accord. Or, un nouveau bloc syndical pourrait atteindre ce seuil. Il s’agit de l’Union qui, affiliée à FO, rassemble depuis 2009 Unité police, l’ex Unsa-police (41% aux dernières élections de 2006 chez les gardiens de la paix), et le Syndicat général de la police (SGP, 15% en 2006). Unité police était une branche de l’UNSA qu’elle a quittée en 2009 à la suite de dissensions pour s’allier au SGP.

Sur le papier, l’Union est majoritaire mais doit le concrétiser dans les urnes. Elle a fait campagne sans ménager Brice Hortefeux critiquant  la baisse des effectifs dans la police, la « course aux gardes à vue » pour « avoir de bons chiffres », et allant même jusqu’à organiser des manifestations en décembre dernier.

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4 réponses à Elections dans la police

  1. Marc dit :

    J’écoutais hier une émission de radio sur les instits « désobéisseurs ». Même si la situation est un peu distincte de la présente note en ce qu’il s’agit d’élections syndicales et non de contestations des directives du ministère, une question de fond est commune : les possibilités de protestation des fonctionnaires contre leur hiérarchie, quand ces fonctionnaires estiment, par leur observation quotidienne, que les politiques menées sont guidées par d’autres soucis que la nation. Etre au service de la nation, de l’Etat, du ministère… tout cela devrait se confondre, mais quand visiblement cela ne se confond pas du tout, que fait-on ?

    Le gouvernement est légitime, mais je crois qu’il y a actuellement une volonté de faire comprendre aux fonctionnaires qu’ils doivent tenir leur langue et la fermer, sinon c’est qu’ils se sont trompé de métier. Les fonctionnaires ont souvent eu la vocation de s’engager au service de la nation, pas du ministère – ils espéraient que l’interface ministérielle serait transparent. Nous, universitaires, avons été embauchés par l’Etat pour servir la nation, mais avons été récemment revendus à nos établissements locaux. Je m’exprimer peut-être de manière pompeuse et maladroite, mais je trouve là une dérive générale…

  2. pierre Willem dit :

    Les résultats montrent que l’Union (SGP FO Unité Police) arrive en premiére position:
    47,8% pour Unité SGP FO – 37,6% Allaince – 9,7% Unsa

    Mais surtout il faut souligner les 82% de participation des policiers aux élections dans la police.
    Ainsi les policiers sont préoccupés par les conditions de travail dans la police et ne comptent pas rester sans donner leurs avis…

  3. Eric dit :

    monsieur le député,

    je découvre votre blog avec plaisir. Les propos que vous y développez sont souvent des incitations bienvenues à la réflexion. La lecture de cette brève sur les syndicats de police traduit chez le gendarme que je suis un certain désarroi.
    Je me suis engagé par sens du service. Je ne revendique en rien le monopole de ce mot. Quand Camus décrit dans « le premier homme » son instituteur et l’engagement de cet homme qui permettra à l’auteur que nous connaissons d’être boursier et d’accéder à l’enseignement supérieur, je retrouve les racines de cette vocation de service.
    Cette digression permet de souligner la dimension altruiste du terme service. Je sers mon pays et je sers mes concitoyens.
    Si je suis convaincu que de nombreux policiers donnent à leur engagement le même sens que je puis donner au mien, les taux de syndicalisation que vous citez me frappent.
    Le syndicat protège le fonctionnaire ou le salarié. Il garantit que ses intérêts seront défendus. A ce titre, il est honorable.
    Le syndicat peut également devenir le garant d’un corporatisme (assez justement décrit par monsieur Cahuc dans son essai « la société de défiance ») qui peut éloigner une institution de son centre de gravité: le service de l’autre.
    Ce corporatisme peut permettre d’interpréter la violence des propos que vous soulignez.
    Le désarroi auquel je faisais référence est lié à un sentiment très personnel dans la mesure où je pense que c’est ce modèle qui risque de s’imposer demain à l’ensemble des forces de sécurité.

  4. baillergeau dit :

    @Eric dit : 10 février 2010 at 20:18
    Je me permets d’intervenir dans l’échange que vous avez avec JJU.
    Vous citez le « Premier Homme » de Camus, j’aime mieux la fin de la Peste où chacun, à bout d’arguments, continue sa tâche sans se poser la question de savoir si ses idéaux ou ses convictions en valent le coup.

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