Ce matin, j’ai reçu Jacques Corbin, président du Bagad Kemper qui venait m’alerter des risques que représenterait pour les festivals de Bretagne un avant-projet de loi sur la participation des amateurs à des représentations du spectacle vivant étudié par le Ministère de la Culture.
Cette question évoquée par la presse régionale il y a quelques jours m’avait effectivement surpris. Mais d’autres informations parues plus tard indiquaient que le texte était, au moins provisoirement, enterré. Renseignements pris aux meilleurs sources du Ministère, ce texte est pourtant loin d’être abandonné.
Au contraire, selon mes interlocuteurs, le processus est de nouveau activé. Légèrement modifié, le projet de loi devrait être présenté à l’occasion de la prochaine réunion de la Commission nationale paritaire du spectacle. Quant à son examen par le Parlement, il pourrait survenir dès la fin de l’année 2008.
« Le cas des festivals bretons est bien évidemment dans nos préoccupations », s’est employé à me rassurer le cabinet de la Ministre. Je l’espère mais la vigilance et la mobilisation des associations demeurent sans doute, dans cette perspective, la plus solide des garanties. Quant à moi, je continuerai bien sûr à suivre ce dossier avec toute l’attention qu’il requiert.
C’est rigolo, la République va adopter une loi, norme générale, devant laquelle tous les citoyens seront égaux (évidement), sauf que les bretons compte tenu de la spécificité de leurs pratiques culturelles, bénéficieront d’une sorte de dérogation : Mélanchon va pas aimer!
De quoi s’agirait-il, exactement ?
Réaction de JJU
Pour faire simple son application imposerait l’établissement d’un contrat de travail pour tout bénévole participant à un spectacle.
Sous prétexte de lutter contre la concurrence déloyale de prétendus amateurs marrons, il s’agit d’imposer à tout artiste bénévole participant à un spectacle payant, la signature d’un contrat de travail et le payement d’un « cachet ».
Lorsqu’un bagad ou un cercle intervient dans un spectacle, il y aurait désormais obligation de payer chacun des participants individuellement au tarif minimum (130 euros environ plus l’indemnité de déplacement, plus les frais… conformément à la convention collective.)
Cela va revenir très cher pour les organisateurs et les bagads risquent de ne plus trouver de dates pour se produire dans des spectacles professionnels de haut niveau.
Jusqu’à présent, les organisateurs payaient le bagad pris comme une entitée globale, représentée en général par une association à but non lucratif. Cet argent servait ensuite à financer le bagad (instruments, formation, échanges internationaux, école de musique…), et non à payer ses membres qui restaient de purs amateurs. Telle était la tradition, ce système permettant de compter en Bretagne plusieurs milliers de musiciens de haut niveau.
Pourquoi faut-il toujours que Paris décide de tout?
L’écossais Sean Connery disait aux anglais : »s’il vous plaît, laissez nous faire des bêtises tout seuls »"