Cassandre désenchantée

Samedi 25 août 2007 | Publié dans Blablabla...

barre.jpgBarre s’est barré. Je sais c’est facile. Pas sûr que sa disparition frappe les esprits. D’ailleurs même quand il était Premier ministre, il n’était pas populaire même s’il était respecté.

Il avait évidemment de grandes qualités, de l’envergure avec de solides défauts. Ainsi il possédait un instinct mystérieux que l’on appelle le sens de l’Etat, le dévouement à la chose publique. Vous y rajoutez un attachement très fort à la Vème République et un goût pour l’indépendance nationale et vous avez un personnage plus gaullien que gaulliste.

Conservateur et traditionnaliste, il pouvait céder à l’impatience et à la colère et comme ses mots alors jaillissaient, il pouvait blesser. Il apparaissait alors cinglant d’autant plus qu’il avait le goût des formules piquantes, parfois exprimées en un vocabulaire savamment anachronique.

Il tenta d’être Président, mais sans troupes et sans soutiens durables, il ne fut au final qu’un témoin solennel, une Cassandre désenchantée.

4 réponses à “Cassandre désenchantée”

  1. Arnaud dit :

    Bravo M.Urvoas pour votre portrait de R.Barre, ce n’est pas exactement celui que l’on a entendu aujourd’hui dans les médias. La presse était élogieuse à souhait, à croire qu’en France le statut de mort vous confère également celui de Saint…

    Arnaud

  2. jean-louis dit :

    Pour aller encore plus dans ce sens évoqué par Arnaud les odieux propos tenus par Raymond Barre sur France Culture en mars dernier ne plaident absolument pas à lui faire accéder au statut de saint.
    Défendant son ancien ministre du budget, Maurice Papon, il avait fait référence à: “un lobby juif capable de monter des opérations indignes”.

  3. Damien dit :

    Raymond Barre … Rien que le nom m’amuse …
    Il a, paraît-il, commis un opuscule d’économie, que l’on dit considéré comme « de référence » : d’aucun désigne cette brochure « le Barre ». Ca doit être une « référence » … de théorie … car sorti de l’enseignement, quand Tonton Raymond s’est retrouvé aux manettes à devoir mettre en pratique ses savantes théories, l’inflation a continuer sur des taux à 2 chiffres …
    Y’a fallu que les socialistes arrivent pour mettre un peu d’ordre là-dedans ; alors que l’on disait qu’avec eux, c’était la fin de l’économie.
    Effectivement, Raymond Barre s’est toujours présenté comme « à part », « dégagé de … », « libre », etc … limite « au-dessus de tout ».
    Lors des élections présidentielles, les électeurs ont donc respecté ses choix, lui ont laissé sa liberté et l’ont laissé à part, totalement dégagé de tout …
    Comme disaient Johnny & Sylvie (oui, excusez-moi, je n’ai jamais lu ni Gramski, ni Machiavel, ni Dante … ;-) ) : « dans la vie, on récolte ce qu’on sè-è-meuh… ».
    Bon, tout ça pour dire que Barre fait partie de ces gens qui ont réussi à se doter d’une notoriété sur la base d’un savant mélange de malentendus et d’opportunités. Il fut, en quelques sortes, à la politique ce qu’Ophélie Winter est aujourd’hui à la Variété.
    Si on veut s’intéresser aux chroniques mortuaires des gens intéressants, tournons nous vers Bruno Trentin, qui vient de mourrir de l’autre côté du Mont Blanc, le 24 août à l’âge de 81 ans : http://www.liberation.fr/actualite/monde/274155.FR.php
    J’aime beaucoup la dernière citation rapportée par Libé : Bruno Trentin évoque «l’embarras par rapport à un passé qu’il ne fallait pas refouler ou oublier mais plutôt analyser et dépasser ».
    Je conseillerai à certains, aujourd’hui, de méditer sur cet appel au courage …

  4. noel dit :

    Et rien sur messmer? Quand même, avec un nom qui commence par messe et qui finit par mer, et se faire battre à lorient; faut le faire!

Laisser un commentaire