Désir d’avenir

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Jospin.jpgMa première réaction est la déception. Ceux qui depuis des mois annonçaient que Jospin allait revenir avaient donc raison. Tous ces éditorialistes gourmands qui interprétaient chacune de ses interventions comme la manifestation d’une stratégie de reconquête en expliquant qu’il était impossible de croire au désintéressement des hommes politiques voyaient donc juste.

Je n’y croyais pas. J’imaginais bien qu’en abandonnant ses fonctions actives, il ne s’était pas métamorphosé en anachorète et qu’il n’avait pas renoncé à toute existence séculière. Il me semblait vouloir exercer un magistère intellectuel et idéologique. C’était conforme à l’image que j’avais de lui. Las, je le voyais en statue du Commandeur, alors qu’il veut être Don Juan.

La seconde réaction est l’incompréhension. Cette nouvelle candidature va-t-elle clarifier le jeu socialiste ou aggraver le climat ? Qu’est ce qui la justifie ? Le jugement critique qu’il porterait sur les autres candidats ? Mais alors pourquoi loue-t-il leur talent et leur envergure ? Quels sont les éléments qui attesteront qu’il est « le mieux placé pour rassembler les socialistes » ? Les sondages ? Mais alors la messe est déjà dite…

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9 réponses à Désir d’avenir

  1. alice dit :

    Comme toi, j’ai toujours cru que Jospin ne serait pas candidat, que s’il se mettait en avant c’était pour servir la clarté du débat socialiste et pour éventuellement avancer des pions pour DSK, candidat qui me semblait le plus proche de lui. Visiblement, il est difficile d’accepter de jouer les seconds rôles. Pourtant sa défaîte, légendaire, me semblait devoir l’amener à se remettre en question. Car qu’y a t-il de changé depuis 2002 chez Jospin ?
    Est-il devenu plus proche des français ?
    Est-il capable de rassembler une gauche qui l’a somptueusement ignoré et qui s’apprête à nouveau à jouer le couplet de la division ?

    Et comme tu le dis Jean-Jacques, en quoi DSK ne peut-il porter ses couleurs ? A vouloir jouer les superman, je crois que Jospin sous-estime le rejet dont il fait l’objet chez les militants et encore plus chez les français.

  2. alice dit :

    Il y a une seconde hypothèse néanmoins qui positionnerait non par Lionel Jospin comme un ambitieux mais comme un fin stratège. Laisser planer le doute sur sa candidature est sûrement pour lui la seule manière d’être audible. Comme ce n’est pas son genre de faire les unes de Paris Match et de surveiller sa cote de popularité, on peut espérer qu’il va relever un peu le niveau de cette pré-campagne.
    Si c’est ce qu’il a en-tête, je m’excuse par avance de l’avoir soupçonné de vouloir jouer les superman !

  3. Anthony dit :

    Bonjour,
    l’intervention de Lionel Jospin m’a interpellé à deux égards.
    D’un côté, je crois que l’éventualité de sa candidature va désordonner davantage un débat qui a déjà du mal à se clarifier. J’entends par là que la multiplication des candidats à la candidature est davantage un handicap qu’une véritable force. Je crois que le débat au sein du PS doit s’exercer bien davantage sur le fond que sur chaque personnalité, même s’il s’agit d’un enjeu de taille. J’ai toujours en tête ce 21 avril 2002 où la multiplicité des candidats de gauche avaient éliminer son candidat socialiste, seul susceptible de porter les valeurs de la gauche au second tour. Encore qu’une primaire interne est quelque peu différente.
    D’un autre côté, je crois que l’intervention de Lionel Jospin dans le débat, non plus comme candidat, mais comme militant, ancien Premier ministre, ancien candidat à l’élection présidentielle et ancien Premier secrétaire, est une chance. Il a l’expérience d’un homme d’Etat qui a pris la responsabilité d’un échec. C’est peut-être là-dessus qu’il conditionnera notre candidat ou notre candidate pour porter des projets sur lesquels il avait jadis failli ? Le seul but étant, bien entendu, de « réussir ensemble le changement ».

  4. Emmanuel dit :

    Et si au contraire le nouveau positionnement de Lionel Jospin permettait enfin de clarifier les choses au parti socialiste, car ne soyons pas naïf l’image que donne le parti à 10 mois des échéances présidentielles n’est pas quand même très avenant : et qu’on le veuille ou non, que ca nous plaise ou non il apparaît que certains candidats potentiels trouvent un écho dans la société et que d’autres, malgré la qualité et la pertinence de leurs propositions ne parviennent pas à susciter l’adhésion qui leur permettrait de gagner. L’annonce de Lionel Jospin permettrait alors le désistement de certains candidats (DSK, Lang, Aubry, Kouchner …) et ainsi une confrontation en interne sur la base des idées et des projets entre les deux ou trois grandes familles de pensée du PS , que pourraient représenter Jospin, Fabius et Royal.

    En tout état de cause, le parti de doit pas commettre l’erreur de vouloir se faire plaisir en ayant un candidat et un projet qui ne soit phase qu’avec ses militants. Sans tomber dans le populisme, il doit avoir un candidat et un projet en phase avec les attentes du pays.

  5. Queff dit :

    Bon, je fais moins dans la dentelle mais vas donc un peu voir pon point de croix….

  6. aubrée-lijour dit :

    Blablabla dur dur le lundi ! Ce que Jospin m’inspire ???? La question du parti et de ce qui le fonde….
    Le parti existe par ses adhérents, par ses leaders…..et par ses « idées »
    Les adhérents ? attentes multiples avec un souhait commun plus de justice ?
    Clin d’oeil à ?… ………….qui dirait un rêve idéaliste sorti tout droit du monde enfantin des « bisousnours »
    Un monde de justice ou chacun se respecte, ou chacun peut être « sujet », ou l’autre n’essaie pas tjs de dominer à coup « d’anachorète » ou autre vocable alambiqué……………
    Un monde ou les dirigeants « redeviennent » modestes et humbles et mettent leur intelligence et leur travail au service des autres….
    Un monde ou les querelles et combats de chefs se règlent en famille…
    Un monde de justice sans artifice ni semblant : a coup de « parité », de « discrimination positive »……………………………….
    Un monde qui ne laisserait aucune place à Jean-Marie mais c’est pas gagné!!!!!!

  7. Depuis la parution de la tribune de Lionel Jospin intitulée « Mai 2007, quatre enjeux majeurs », les commentaires sibyllins et hostiles se multiplient dans le microcosme politique français à propos de son éventuelle candidature à la prochaine élection présidentielle. Est-ce pour autant que le retour de l’ancien Premier ministre n’est ni souhaité, ni souhaitable par et pour les Français ?

    La mobilisation populaire, à l’occasion du référendum sur le Traité établissant une Constitution pour l’Europe, a démontré l’importance du fossé qui sépare les aspirations du peuple de Gauche et les intentions de ses élites politiques. Les prétendants à l’investiture socialiste et leurs supporters, si prompts à disserter sur le retour de l’ancien leader de la Gauche Plurielle, peuvent-ils s’ériger à la fois en libres commentateurs, juges impartiaux et parties prenantes d’un processus de désignation qui n’est pas encore ouvert ? Est-ce à ces derniers, au président de l’UMP, candidat néo-conservateur à la rupture avec le modèle social français, aux sondages ou aux médias qu’il appartient de décider qui devra porter le projet socialiste et les aspirations de toutes les victimes de la politique ultra-libérale, réactionnaire et liberticide menée par la droite depuis 2002, à l’occasion des élections du printemps prochain ? Certainement pas, les militants socialistes seront les seuls maîtres de la décision et leur choix engagera tout le Parti Socialiste.

    Si l’on se fie aux nombreuses personnalités rêvant de briguer la fonction élyséenne, la famille socialiste constitue incontestablement un vivier riche de talents. La candidature de Lionel Jospin doit-elle y être considérée comme une simple candidature de plus ou porte-elle l’espoir du véritable rassemblement des socialistes ? Ses propos de ces derniers jours montrent qu’il souhaite recentrer la campagne présidentielle sur le fond, en insistant sur les problèmes causés par la crise sociale, économique et démocratique que subit notre pays. Il pose la nécessité de clarifier les propositions auxquelles le candidat du PS devra s’identifier, tout en louant le contenu du projet socialiste qui, plus qu’un socle, constitue pour lui la boussole qui guidera la Gauche vers les victoires de 2007. Sur les priorités esquissées dans Le Monde que sont l’Emploi, le pacte républicain, le rôle de la France en Europe et dans le monde, ainsi que le progrès scientifique et technique, Lionel Jospin trace des perspectives. Il nous montre le chemin vers « une France républicaine et non communautaire, indépendante et non-atlantiste, keynésienne et pensant à partager les fruits du travail économique », vers une France d’avenir et de progrès, telle qu’il l’a envisagée au journal télévisé de TF1.

    Certaines voix plutôt partisanes voudraient cantonner Lionel Jospin à un rôle d’autorité morale, l’emprisonner dans le serment (indépassable ?) de son retrait de la vie politique, le contenir dans une image d’homme du passé. Pour ce qui est du passé, il possède aujourd’hui l’atout des leçons qu’il a tirées des deux dernières campagnes présidentielles et il a la légitimité du travail accompli par le gouvernement qu’on qualifiait alors de « plus à Gauche d’Europe ». Mais Lionel Jospin est surtout le seul responsable politique à faire abstraction des questions de personne pour privilégier les idées et se focaliser sur les enjeux fondamentaux, à l’heure où les autres aspirants se complaisent dans une pré-campagne aux allures « people » et aux faux-débats populistes.

    Si la Gauche espère incarner l’alternative, il lui faudra donner du sens à son programme, dépasser le carcan des polémiques convenues, rénover ses pratiques et se rassembler. Remplir ces préalables ne sera pas chose aisée et peu de gens ont la légitimité, l’expérience et la capacité, en un mot la stature, pour y parvenir. A trois mois de la primaire socialiste et à dix mois du scrutin présidentiel, il est temps d’apporter une réponse définitive à une « question ouverte » dans l’intérêt du pays et nos concitoyens, Lionel Jospin doit être candidat.

  8. Alice dit :

    Ce que je ne comprends pas c’est en quoi la candidature de Lionel Jospin serait particulièrement une candidature de rassemblement et la raison pour laquelle il faudrait accorder à sa candidature plus de crédit qu’aux autres.

    Tu dis « qu’il souhaite recentrer la campagne présidentielle sur le fond ». Bien, mais c’est considérer le niveau intellectuel des autres candidats comme inférieur. Ce sont les médias qui en premier lieu détournent la campagne et les français n’ont pas retenu grand chose des récentes interventions de Lionel. Tout ce résume à « il est candidat ou pas ? ». Mais les militants ont un deuxième niveau de lecture, heureusement. Il ne faut pas forcément faire reposer sur l’ensemble des candidats déja déclarés la pauvreté du débat.

    A mon avis l’offre politique est qualitativement forte au PS pour qui souhaite un peu s’y intéresser. Se poser en rassembleur contre les autres candidats c’est les mettre tous dans le même sac et leur refuser le statut de présidentiable puisque par définition un présidentiable est rassembleur. Les arguments de ses partisants ne me plaisent pas vraiment. Que Lionel Jospin se présente et les militants choisiront, mais qu’il n’essaie pas de nous dire que sa candidature est plus légitime qu’une autre.

  9. La tribune intiulée « Lionel Jospin Candidat » parue dans le Monde en date du 29/07 est excellente. Elle invite les camarades à réfléchir à l’opportunité de l’investiture de Lionel Jospin. Je remercie ses 10 rédacteurs pour cette contribution d’une qualité rare.

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